La photobiomodulation soulage les douleurs du cancer, « lesquelles concernent 39 % des patients après traitement curatif, 55 % d’entre eux au cours du traitement et 66 % en cas de maladie avancée, métastatique ou terminale », a expliqué le Dr Antoine Lemaire (CETD du centre hospitalier de Valenciennes). Ces douleurs, souvent sous-estimées dans leur intensité, sont complexes à prendre en charge car elles varient beaucoup d’aspect au cours de leur évolution.
La photobiomodulation est une luminothérapie qui repose sur l’utilisation de lumières de différentes couleurs (bleues, rouges…) produites par laser ou LED et correspondant chacune à une longueur d’onde aux propriétés spécifiques. Un effet de neuromodulation est obtenu après mise en jeu de récepteurs périphériques et de cibles médullaires et corticales centrales, selon des mécanismes variés (modifications métaboliques, sanguines, réduction de l’inflammation et du stress oxydatif…). La photobiomodulation a peu d’effets secondaires et n’interagit pas avec le traitement oncologique. Peu onéreuse une fois l’investissement en lasers et LED amorti, elle offre l’intérêt de pouvoir agir tout au long de l’évolution du cancer sur les mécanismes de la douleur, et de réduire l’utilisation d’opioïdes, de médicaments anti-douleur neuropathique ou de médicaments à visée psychoactive, avec leurs possibles effets indésirables et de mésusage.
Plusieurs indications potentielles
« Les preuves d’efficacité sont nombreuses dans les publications, on dispose de recommandations, mais la photobiomodulation n’est pas encore suffisamment pratiquée en vie réelle », a déploré le Dr Lemaire. Malgré tout, des pays comme l’Inde ou le Brésil s’en sont emparés du fait de son bon rapport coût-efficacité.
Bien que les preuves d’efficacité soient nombreuses, cette technique n’est pas encore suffisamment utilisée en vie réelle
Dr Antoine Lemaire
En pratique, cette technique est utilisée, comme le préconisent les recommandations internationales, pour traiter des mucites et des radiodermites, notamment dans le cancer du sein, ou même les prévenir lorsqu’elle est pratiquée précocement. Ce qui améliore la qualité de vie des patients et assure le maintien du traitement oncologique. Du fait de sa capacité d’accélérer la cicatrisation, elle est aussi intéressante pour guérir des plaies provoquées par certains traitements anti-angiogéniques.
Réalisée rapidement, la photobiomodulation a, par ailleurs, montré sa capacité de réduire les douleurs neuropathiques chimio-induites (taxanes, platine…), quels que soient les mécanismes en cause, « et elle peut améliorer la marche des patients souffrant de ces douleurs après quelques séances seulement », s’est félicité le Dr Lemaire. Enfin, la photobiomodulation a sa place en soins palliatifs pour lutter contre des douleurs complexes, par exemple celles en rapport avec une carcinose péritonéale.
Des perspectives pour les douleurs neuropathiques
En dehors du cancer, la photobiomodulation pourrait offrir des perspectives de traitements dans des douleurs neuropathiques focalisées, des syndromes myofasciaux de la douleur viscérale, des douleurs musculo-squelettiques, en particulier sous hormonothérapie, des tendinites…
D’après la session « Photobiomodulation : intérêt et perspectives en douleur » – congrès SFETD 2023
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