Quand séropositivité rime avec obésité

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Publié le 03/04/2025
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L’épidémie de surpoids et d’obésité n’épargne pas les personnes vivant avec le VIH. Or des données récentes suggèrent que la prise de poids pourrait s’avérer particulièrement problématique dans cette population, déjà très à risque sur le plan cardiovasculaire.

Crédit photo : PHANIE

Alors qu’une prise de poids de 3 à 5 % de la masse corporelle totale suffit à augmenter significativement le risque cardiovasculaire, 13 % des patients sous anti-rétroviraux augmenteraient leur poids de plus de 10 % rien qu’au cours de la première année de traitement. De plus, d’après l’HIV Metabolic Cohort, cette prise de poids concernerait surtout la masse grasse, plus délétère. Selon plusieurs études, certains sous-groupes semblent particulièrement sensibles à la prise de poids, comme les femmes, les personnes ayant un IMC de base plus élevé, les seniors, les individus manifestant une infection à VIH plus sévère, etc.

Trois anti-rétroviraux pointés du doigt

Par ailleurs, le rôle délétère des anti-rétroviraux se précise, en particulier pour le dolutégravir, le bictégravir et le ténofovir alafénamide. Les essais Advance ont ainsi mis en évidence une prise de poids supérieure à 7 kg en moyenne à 96 semaines de l’initiation d’un traitement comprenant du ténofovir alafénamide et du dolutégravir. Un effet indésirable qui se révèle durable – le poids continuant d’augmenter à 144 semaines de suivi. D’autres travaux, comme l’étude Paso Doble, confirment l’impact de ces médicaments en deuxième ligne en cas de switch après une autre trithérapie.

Cependant, nombre de questions restent en suspens, à commencer par la réversibilité de cet effet indésirable. Les mécanismes à l’œuvre dans la prise de poids liée au VIH et à son traitement – dont la compréhension permettrait de mettre en place des traitements étiologiques ciblés – apparaissent aussi difficiles à élucider. Et surtout, la conduite à tenir reste floue. Par exemple, en curatif, la place des analogues du GLP-1 dans le traitement interroge : si des résultats positifs ont été retrouvés dans des travaux antérieurs, ces médicaments pourraient majorer la perte de masse maigre – augmentant un potentiel risque d’obésité sarcopénique à long terme – ou interagir avec les anti-rétroviraux. Et en préventif, la question de l’intérêt d’un pré-traitement par metformine ou de schémas de traitements anti-rétroviraux alternatifs chez les personnes les plus à risque continue de se poser.


Source : Le Quotidien du Médecin