Une analyse post-hoc de l’essai Surmount-1, évaluant l’efficacité du tirzépatide dans l’obésité, montre qu’à 3 ans, la reprise de poids se limite à 5 % ou moins du nadir de poids, c’est-à-dire le poids le plus bas atteint lors du traitement. Les résultats de cette étude financée par Eli Lilly ont été présentés au Congrès européen sur l’obésité (Malaga, Espagne) et ne font actuellement pas l’objet d’une publication dans une revue médicale. Ils sont signés par l’auteur principal de Surmount-1, le Pr Louis Aronne, du Weill Cornell Medicine (New York, États-Unis), qui a déclaré des liens d’intérêts financiers avec notamment Eli Lilly (Mounjaro).
Précédemment, les résultats de l'analyse principale publiés en 2022 dans The New England Journal of Medicine avaient montré sur un suivi de 72 semaines qu’un traitement hebdomadaire par tirzépatide (doses de 5, 10 ou 15 mg) conduisait à une perte de poids substantielle et soutenue chez des personnes en situation d’obésité comparé au placebo. Les résultats et les données de sécurité à 3 ans de Surmount-1 révélaient que le traitement par tirzépatide chez des patients obèses et avec un prédiabète permettait une réduction du poids ainsi qu’une atténuation marquée de la progression du diabète de type 2.
L’objectif de cette analyse post-hoc était d’évaluer l’ampleur de la reprise des kilos à partir du nadir de poids sur une période de 3 ans chez des patients en situation d’obésité traités par tirzépatide inclus dans l’essai Surmount-1. En effet, « dans la prise en charge de l’obésité, les fluctuations de poids sont attendues », rappellent les auteurs, expliquant que « pour certains patients, atteindre leur poids le plus bas peut devenir un point de focalisation et de déception ». Cependant, il n'existe pas de littérature claire indiquant que le nadir de poids est cliniquement pertinent.
Environ 1 patient sur 10 a repris plus de 10 %
L’analyse a inclus 690 participants en surpoids ou en obésité et souffrant de prédiabète du bras tirzépatide. Les patients devaient avoir reçu plus de 75 % des doses prévues et présenter, au moment où ils atteignent leur poids le plus bas, une réduction d'au moins 5 % par rapport au poids initial à l’inclusion.
À l’inclusion, les participants traités par tirzépatide étaient à 65 % des femmes, âgées en moyenne de 49 ans, avec un poids de 107 kg et un indice de masse corporelle (IMC) de 38,6 kg/m2. Le délai moyen pour atteindre le poids nadir était de 22 mois : ils avaient alors perdu en moyenne 23,1 % de leur poids initial. Entre le nadir et la semaine 176, ils avaient repris en moyenne 3,7 %.
En trois ans, les patients avaient perdu en moyenne 19,4 % de leur poids. Ainsi, entre le nadir et la semaine 176, quelque 73, 19 et 8 % des participants sous tirzépatide 5 mg (n = 227) ont retrouvé un poids < 5 %, entre 5 et 10 % et ≥10 % du nadir de poids, respectivement. De la même façon, 65, 26 et 9 % des participants traités par tirzépatide 10 mg (n = 239) ont connu une reprise de poids < 5 %, 5 à < 10 % et ≥10 % par rapport au nadir de poids respectivement. Enfin, parmi les participants traités à la plus forte dose (15 mg, n = 224), 73, 20 et 7 % ont connu une reprise de poids de < 5 %, 5 à < 10 % et ≥ 10 % du nadir de poids.
Les auteurs concluent que 70 % des participants traités par tirzépatide ont eu une reprise de poids « limitée » < 5 % après le nadir de poids, et que moins de 10 % des participants ont repris ≥ 10 %. Selon eux, « le parcours pondéral des participants s’est révélé relativement stable sur 3 ans dans l'étude Surmount-1 », les reprises de poids n’étant pas « substantielles ». S’ils n’ont pas déterminé de différences entre les hommes et les femmes, ou entre les plus âgés et les plus jeunes, « une analyse post-hoc des essais Surmount présentée à l’EASD 2024 avait montré que les femmes perdaient plus de poids que les hommes sous tirzépatide », explique au Quotidien le Pr Louis Aronne. Quant à la question de la pertinence du nadir, il rajoute : « Le poids nadir a été atteint plus tard que prévu. Nous ne savons toujours pas quelle est la signification de ce nadir ».
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