Les dernières recommandations de l’EAU 2014 sur l’incontinence urinaire d’effort de la femme (IUE) retiennent comme interventions la colpo-suspension par laparotomie, la suspension par bandelettes de fascia autologue, les bandelettes sous-urétrales (BSU) (recommandation de niveau A), la colpo-suspension par laparoscopie et les injections de gels macroplastique (niveau B). Si ces techniques s’adressent en principe aux femmes de tout âge, la situation se complique chez la femme âgée.
Le Dr Jacques Corcos (Montréal) pointe en particulier chez la femme âgée active en bon état général le hiatus entre le succès chirurgical et le ressenti de la patiente après bandelettes sous-urétrales. « La réussite objective tourne autour de 75 %, que ce soit pour la voie rétro-pubienne (RP) ou la voie transobturatrice (TO), mais les femmes estiment que l’intervention est réussie à 55 % pour la RP et à 48 % pour la TO. Pour autant, les femmes âgées fragiles ne doivent pas être exclues de la chirurgie, poursuit l’urologue, même si l’intervention est compliquée par la fixation de l’urètre et le dysfonctionnement sphinctérien ».
Si les bandelettes sous-urétrales donnent de bons résultats dans l’IUE et le prolapsus, l’augmentation exponentielle du nombre d’incidents rapportés avait déclenché une levée de bouclier médiatique, certains allant jusqu’à demander leur suppression. Le rapport de 2014 de la MHRA britannique conclut cependant que le bénéfice reste supérieur au risque et que rien ne justifie de les retirer du marché mais qu’un effort est indispensable pour un meilleur respect des indications et une meilleure information des patients.
Des complications à moyen et long terme
En dehors des quelques lésions tissulaires peropératoires, les complications des bandelettes sous-urétrales surviennent plutôt à moyen et long terme et sont plutôt d’ordre fonctionnel. Les érosions urétrales, vaginales ou vésicales, exceptionnelles sont favorisées par les antécédents de chirurgie ou de radiothérapie pelvienne et peuvent survenir plusieurs mois après l’intervention. L’utilisation de bandelettes en polypropylène monofilament a réduit leur nombre en limitant le risque de complications infectieuses sur le matériel prothétique.
La récidive ou l’apparition de novo de troubles urinaires sont particulièrement mal vécues car ceux-ci peuvent se révéler plus invalidants que l’IUE initiale. La récidive de l’incontinence urinaire concerne 15 à 25 % des femmes, et est d’autant plus fréquente que la patiente est plus âgée. Si certaines sont secondaires à la bandelette sous-urétrales, d’autres correspondent en fait à des troubles préexistants révélés par la correction de l’UIE, incontinence par hyperactivité vésicale (de 5 à 33 %), ou liée à un urètre peu mobile ou une insuffisance sphinctérienne, « d’où l’importance d’une évaluation très précise en préopératoire du type d’incontinence urinaire », insiste le Dr Jean-François Hermieux (hôpital Bichat, Paris).
Les bandelettes sous-urétrales n’ont aucun impact sur la sexualité dans plus de la moitié des cas, mais elles sont susceptibles de provoquer des dyspareunies. La survenue de douleurs chroniques, d’origine souvent imprécise serait favorisées par la voie TO.
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