Pour les experts de l’Inserm l’activité physique apporte un réel bénéfice - parfois au premier plan - dans la prise en charge des maladies chroniques. « Même si tout le monde est d’accord sur l’importance du ‘bouger plus’ pour l'ensemble de la population, on a aujourd’hui la preuve que pour des maladies chroniques, un programme d’activité physique supplémentaire adapté, constitue un soin en plus des autres traitements », explique Gregory Ninot, Epsylon EA4556, Université de Montpellier. Celle-ci est essentiellement basée sur de l’endurance et du renforcement musculaire.
Pour le diabète de type 2, l'artérite des membres inférieurs et les dépressions légère à modérée
Dans certains cas, la prescription de l’activité physique doit même être initiée en première intention. « Notre travail d'expertise conclut qu'elle doit être prescrite en première intention pour trois pathologies : le diabète de type 2, l’artérite des membres inférieurs, les dépressions légère et modérée. Les autres thérapeutiques arrivant en second lieu », souligne François Carré du laboratoire Traitement du signal et de l’image, chercheur Inserm, CHU de Rennes.
L’expertise collective de l’Inserm, commanditée par le ministère des Sports, « Activité physique, prévention et traitement des maladies chroniques » (qui se base sur l’analyse de la littérature scientifique, effectuée par une dizaine d’experts de différents domaines) apporte de nombreux arguments sur les bienfaits de l’activité physique pour beaucoup de pathologies, en particulier cardio-vasculaires. Un exemple : elle est recommandée chez tous les patients souffrant d’insuffisance cardiaque permettant une baisse d’environ 20% des réhospitalisations. Elle l’est aussi chez les personnes victimes d’un AVC pour diminuer les séquelles neuro-musculaires et les risques de récidive de 15 à 20%. « Sur les artériopathies des membres inférieurs, une activité physique régulière qui est le premier traitement à mettre en place, on obtient en moyenne un périmètre de marche multiplié par 2 à 4 en cas de programme très bien adapté », détaille Thibault Guiraud, Institut des maladies métaboliques, Inserm UMR1048 Toulouse.
Cancer du sein et du côlon : baisse de la mortalité spécifique et globale
En cancérologie, l’activité physique a montré de nombreux bénéfices. « Pour le cancer du sein, des études de grandes cohortes prospectives montrent qu’une activité physique régulière permet une baisse d’environ 40% de la mortalité globale, de 30% de la mortalité spécifique, et de 25-30% du risque de récidive. Pour le cancer du côlon, les chiffres sont équivalents, voire un peu supérieurs », explique Béatrice Fervers, département Cancer et environnement, Centre Léon Bérard à Lyon, qui insiste sur l'efficacité de cette thérapeutique non médicamenteuse sur certains symptômes. « Ainsi pour lutter contre la fatigue présente chez beaucoup de patients traités pour un cancer, une activité physique modérée qui est le seul traitement efficace, diminue de 20 à 40% les niveaux de fatigue. »
Ce travail vient confirmer ceux de la Haute Autorité de Santé qui à plusieurs reprises indiquait que l’activité physique est une thérapeutique non médicamenteuse validée et qui en 2018 a commencé à éditer des guides pour aider les médecins à la prescrire. En 2016, la loi Santé quant à elle recommandait aux médecins de prescrire une activité physique... même si dans les faits ces prescriptions ont du mal à décoller. Cette expertise collective de l'Inserm fera-t-elle faire évoluer les choses, en particulier au niveau de nos décideurs ?
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