Alors que la CNAM vient de rappeler l’importance des prescriptions de statines en France – avec 6,4 millions de patients traités en 2012 –, une étude parue dans le BMJ relance le débat sur l’effet diabétogène potentiel de ces hypolipémiants.
Cette étude rétrospective a évalué l’incidence des nouveaux cas de diabète dans une cohorte de près de 500 000 patients initialement non diabétiques et traités par statines. Résultat : par rapport à la pravastatine, le risque de diabète est significativement augmenté sous atorvastatine (+22 %, HR= 1,22), rosuvastatine et simvastatine (HR= 1,18 et 1,10).
Ces données confortent ce qu’avait suggéré en 2010 une métanalyse du Lancet qui concluait à un surrisque de nouveau diabète de l’ordre de 10 % toutes statines confondues. Une autre métanalyse avait précisé cette tendance en montrant un effet dose, avec une augmentation du risque de 12 % sous fortes doses par rapport à des doses modérées.
Surveillance plutôt que tempérance
Le travail du BMJ nuance encore le propos en montrant que toutes les statines n’ont pas le même effet sur la glycémie et ceux indépendamment de la puissance de leur effet sur le LDL-c ou des doses prescrites. En effet, le sur-risque observé avec l’atorvastatine et la simvastatine persiste même après ajustement sur ces 2 paramètres (tandis que celui observé sous rosuvastatine tend à disparaître). « Cela suggère que ce n’est pas un effet classe mais qu’il a peut-être des différences d’action entre les statines, analyse le Pr Paul Valensi (hôpital Jean-Verdier, Bondy). Par exemple, la pravastatine augmente l’adiponectine (laquelle améliore la sensibilité à l’insuline) ce qui n’est pas rapporté pour les autres statines.
Pour autant faut-il prescrire à tous crins de la pravastatine ? Non, répond le Pr Valensi en rappelant que cette statine n’a qu’un effet modéré sur le cholestérol. Faut-il alors lever le stylo sur les prescriptions ? Là encore le Pr Valensi met en garde contre toute conclusion hâtive. « Globalement le bénéfice cardiovasculaire est tellement plus important qu’il n’est pas question de priver un patient d’une statine en prévention cardiovasculaire à cause du risque de diabète, y compris chez le diabétique. » En revanche, le diabétologue appelle « à bien mettre dans la balance le propre risque du patient de devenir diabétique et son risque cardiovasculaire ». Et en cas de risque élevé de diabète et de faible risque cardiovasculaire « à bien réfléchir avant de prescrire une statine et à surveiller la glycémie le cas échéant ».
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