Greffes de selles, un engouement justifié ?

Publié le 14/11/2014
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Publications internationales, article grand public, communications lors de congrès, etc. Depuis quelque temps, la greffe de selles a le vent en poupe. Le congrès UEGW n’a pas échappé à la tendance avec toute une session plénière dédiée qui a permis de faire le point sur cette technique tout en tempérant les ardeurs.

Également appelée transplantation de microbiote ou bactériothérapie fécale, la greffe de selles consiste à restaurer l'écologie microbienne d’un patient receveur « malade » en y réintroduisant une flore bactérienne saine, prélevée dans les selles provenant d'un donneur sain.

Dans l’infection récidivante à Clostridium difficile, ce type de traitement a largement fait ses preuves avec, selon une étude du NEJM, publiée en 2013, une efficacité dans plus de 90 % des cas contre à peine 30 % pour la vancomycine seule et aucun effet secondaire grave observé. Suite à ces résultats spectaculaires, la greffe de selles a fait son entrée dans les recommandations européennes et américaines dédiées à ces infections. « Mais, en parallèle, la réglementation autour de cette pratique est encore très floue », souligne le Dr Harry Sokol (hôpital saint Antoine, Paris).

Or, malgré sa simplicité apparente, cette technique n’est pas totalement dépourvue d’écueil, avec notamment un risque infectieux potentiel. « Comme pour une transfusion, sanguine on peut très bien transférer un organisme pathogène (virus, bactérie, etc.) qui serait dans les selles du donneur » résume le Dr Harry Sokol. Par ailleurs, « il existe aussi un risque théorique de transférer une maladie dans laquelle la flore pourrait jouer un rôle comme le cancer du côlon, les MICI, etc. ».

Dans ce contexte, le screening des patients et l’analyse prétransplantation des « greffons » sont indispensables et doivent être protocolisés. En France, un premier pas a déjà été fait dans ce sens avec la publication en mars dernier de recommandations ANSM dédié à « la transplantation de microbiote fécal et son encadrement dans les essais cliniques dans le cadre de la recherche ». En revanche, « on manque encore de directives le cadre du soin », regrette le Dr Sokol.

Enfin, si l’efficacité de cette technique est désormais bien établie, dans l’infection à Clostridium, pour toutes les autres pathologies candidates, « on est encore au stade de la recherche », insiste le Dr Harry Sokol. Et dans certaines situations, la greffe de selles pourrait même être davantage un moyen de recherche pour la mise au point de nouveaux traitements qu’un but en soi.


Source : lequotidiendumedecin.fr