Jusqu’à ce 30 mai 1796, Samuel Hahnemann a pratiqué la médecine avec plus ou moins de réussite.
Né à Meissen, en 1755, il montre très tôt un don certain pour les langues, en parlant bientôt couramment six : l’allemand, le latin, le grec, le français, l’anglais et l’italien. Ainsi, quand il commence ses études de médecine à Leipzig, il peut survivre en faisant des traductions en allemand d’ouvrages de physiologie ou de médecine.
En octobre 1777, il suit en Transylvanie, le baron Samuel Von Brukental, que l’impératrice Marie-Thérèse venait de nommer gouverneur des lieux, pour y être à la fois son médecin personnel mais aussi son bibliothécaire. Hahnemann reste ainsi deux ans à Hermannstadt (aujourd’hui Sibiu, en Roumanie) où le paludisme fait rage. Il y contracte lui-même la maladie, ce qui aura une conséquence importance sur ses expériences futures, notamment ses essais sur le quinquina.
Revenu en Bavière, il obtient en 1779 son doctorat à Erlangen et se marie avec Henriette Küchler. Une union prolifique puisque onze enfants naîtront, neuf filles et deux garcons.
Hahnemann commence alors une carrière itinérante exerçant dans plusieurs villes d’Allemagne du Nord. À cette époque, il se passionne plus pour la chimie et ses travaux de traduction et d’écriture que pour la médecine proprement dite dont il semble lassé, comme il l’écrit dans une lettre : « La médecine me coûte plus qu’elle ne me rapporte et elle m’est souvent payée d’ingratitude ».
Le « test de vin Hahnemann »
Pourtant, en 1788, son nom connaît un certain retentissement grâce au « test de vin Hahnemann ». Ce test permet de démontrer la dénaturation du vin par l'apport de sucre de plomb toxique et il va bientôt devenir obligatoire pour les négociants en vin de la ville de Berlin.
L'essai sur lui-même du quinquina va en 1790 le rendre définitivement célèbre et représente le fondement de l'homéopathie. Son éditeur lui ayant demandé de traduire l’ouvrage (« Traité des matières médicales ») d’un médecin écossais, William Cullen, sur le quinquina du Pérou, Hahnemann se trouve rapidement en contradiction avec l'auteur sur l’usage de cette drogue. Il décide donc, pour juger par lui-même de son effet, d'en contrôler les effets sur lui-même. Il note que, sous l'influence du quinquina, l'homme en bonne santé présente des symptômes analogues à ceux de la « fièvre intermittente ». Ayant répété plusieurs fois l'expérience, il s’aperçoit que, dès qu'il absorbe du quinquina, son état fébrile se déclenche et qu’il disparaît une fois qu’il a cessé d’en prendre.
« Similia similibus curantur »
Des essais sur lui-même avec d'autres substances vont dès lors convaincre Hahnemann du pouvoir de guérison du similaire par le similaire. De plus, il a commencé à réfléchir sur la « force des petites doses » et à les expérimenter.
Hahnemann se souvient aussi de la loi de similitude qu'avait déjà énoncé Hippocrate : « Similia similibus curantur » : « Les semblables sont guéris par les semblables : ce qui produit la strangurie qui n'est pas, enlève la strangurie qui est » . Pour Hahnemann, cette loi peut aussi s’appliquer à la maladie et sa thérapeutique : « Pour guérir une maladie, il faut administrer un remède qui donnerait au malade, s'il était bien portant, la maladie dont il souffre ». Le médecin allemand vient de poser le premier principe de base de l'homéopathie, stipulant que les maladies se guérissent par les drogues qui donnent les mêmes symptômes que la maladie elle-même.
Commençant à mettre ses théories en application, Hahnemann va bientôt s’attirer les foudres d’une grande partie du corps médical, mais sans que cela le trouble outre mesure.
Ne rencontrant pas le succès espéré auprès de ses confrères, Hahnemann déménage à Leipzig, ville universitaire, où il entreprend de donner des cours, après avoir passé une thèse en 1811 pour accéder au statut de lecteur : c'est effectivement à Leipzig que seront formés ses premiers disciples, Stapf, Gross, Moritz et Wilhem Müller. La même année, il publie « La Matière médicale pure ».
Même si ses pairs ne le reconnaissent pas, les célébrités de l’époque se pressent dans son cabinet, attirées par les réussites de cette nouvelle méthode. Friedrich Wieck, le père de Clara Schumann, le maréchal autrichien Karl Philipp Prince de Schwarzenberg ou encore Nicolò Paganini viennent le consulter.
L’épidémie de choléra de 1831
En 1830, son épouse Henriette décède et Hahnemann réside à Köthen, avec deux de ses filles. En 1831, il publie trois textes sur le traitement du choléra alors que l’épidémie vient d’atteindre l’Europe centrale. Ses articles sont à l'origine du déploiement de l'homéopathie dont le taux de guérison était de 96 %, comparé au taux de 41 % de l'allopathie. Les prises de position de Hahnemann concernant cette épidémie auront finalement joué un grand rôle pour imposer l'homéopathie. Il a non seulement décrit de bonnes réussites avec les traitements par l'homéopathie, mais a également réfuté les thérapies affaiblissantes, spécialement l'interdiction de boire prescrite par les médecins de l'époque en cas de choléra. De plus, Hahnemann s'est rendu compte que le choléra est une maladie infectieuse transmise « par les très petits animaux d'ordre inférieur ».
Le 18 janvier 1835, une artiste-peintre française, Mélanie d’Hervilly-Gohier, qui était venue en désespoir de cause consulter Hahnemann pour soigner sa phtisie… finit par l’épouser. Les nouveaux mariés quittent la ville, le 7 juin pour arriver à Paris le 27 juin. En août, Hahnemann obtint l’autorisation d’y exercer l’homéopathie, rue Madame, puis rue des Saints-Pères et, enfin, rue de Milan. Une cinquantaine de médecins exerçaient déjà l’homéopathie à Paris.
Hahnemann mourut le 2 juillet 1843, à l’âge de 89 ans, victime d’un catarrhe suffoquant qui l’avait obligé à interrompre ses consultations. L’homme qui parlait six idiomes montra une dernière fois ses dons pour les langues étrangères en prononçant ses ultimes paroles : « In altem aber liebe. Amare et amari… Confiance et paix » . Enterré le 11 juillet 1843 au cimetière de Montmartre, les restes d’Hahnemann ont été transférés au cimetière du Père-Lachaise en 1898. Sur sa tombe est gravé « non inutilis vixi - ma vie n'a pas été inutile ».
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