La HAS vient de publier un rapport sur le thème « Sexe, genre et santé » et organise ce lundi une conférence sur le sujet. Pourquoi s’intéresser à ces questions ?
Anne-Sophie Grenouilleau : L’idée de ce travail destiné au gouvernement et au Parlement est de fournir une analyse du système de santé au travers d’un prisme particulier puis de faire des propositions d’amélioration. Après nous être intéressés au numérique et à la notion de choix collectif en santé, les années précédentes, nous nous sommes penchés sur le sexe et le genre en santé. Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait déjà beaucoup de choses autour de la question de la santé des femmes et qu’en fait, le sujet était bien plus vaste. Avec des zones d’ombre comme la santé des hommes ou celle des personnes trans ou intersexes, dont on parle peu, ou seulement à travers des questions d’assignation de sexe à la naissance ou de traitements de transition. La particularité de ce rapport est de chercher à regarder l’ensemble et à traverser la question du sexe et du genre en tant que déterminants de santé.
Comment les hommes sont-ils impactés par ces questions ?
A.-S. G. : Cela se joue à plusieurs niveaux, comme on le voit très bien dans la dépression, qui s’exprime souvent de façon atypique chez l’homme. Non seulement le professionnel peut avoir des difficultés à identifier des signes cliniques différents de ce qu’il attend mais il peut aussi y avoir une incapacité de la part de l’homme lui-même à reconnaître qu’il peut souffrir de dépression. Il y a aussi un recours au système de soins différent, avec parfois une certaine réticence à demander de l’aide au système de santé, liée aux normes sociales.
La littérature commence peu à peu à se pencher sur ces questions du poids des normes sociales et des masculinités sur la santé des hommes. Qu’il s’agisse de comportement au volant, de prise d’alcool, etc., les masculinités de référence actuelles favorisent les prises de risque. D’où l’importance de la façon dont on éduque les jeunes garçons.
Comment faire en sorte que le sexe et le genre soient appréhendés comme des déterminants de santé comme les autres ?
A.-S. G. : La première chose est d’arriver à sensibiliser les professionnels mais aussi l’ensemble de la société. Comme le souligne le slogan d’une campagne que nous avons lancée, « sexe et genre en santé, on gagne toujours à se poser la question ». Il y a aussi tout un volet qui relève de la recherche (pour l’acquisition de connaissances) et de la formation. De notre côté à la HAS, nous allons faire de notre mieux pour intégrer peu à peu ces questions dans nos recommandations.
Dans la pratique, et tout particulièrement en tant que médecin, il faut accepter que le genre influence aussi les maladies, les interactions entre les professionnels et les usagers et que la médecine n’est pas faite que de biologie. Cependant, il faut aussi savoir s’en exonérer et ne pas tout focaliser par rapport à ça. Un cor au pied reste un cor au pied !
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