En France, l’idée d’une vaccination anti-HPV pour les garçons fait son chemin de plus en plus. Même si rien n’est encore décidé, il est légitime de penser que cette vaccination pourrait être bientôt officialisée, comme elle l’est déjà dans beaucoup d’autres pays, comme le Canada, l’Autriche, l’Australie… Les récentes initiatives des sénateurs et de la Ligue contre le cancer vont dans ce sens (voir ci-dessous). En attendant, le sujet est à l’étude au sein de la HAS, saisie il y a quelques mois par le ministère de la Santé sur cette question. Pour l’heure, en France, à côté de la vaccination indiquée chez les filles entre 11 et 14 ans (avec un rattrapage jusqu’à 19 ans révolus), elle est aussi recommandée pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) jusqu’à 26 ans.
Moins d’un parent sur deux favorable
Au congrès du CNGE a été présentée une étude portant sur l’acceptabilité du vaccin anti-HPV côté garçon. Ce travail a porté sur un échantillon de parents ayant des garçons âgés de 11 à 19 ans en Auvergne. Des questionnaires ont été envoyés à 30 généralistes tirés au sort. Le médecin devait compléter un questionnaire qui lui était propre, et en donner à quinze de ses patients concernés. Sur les 450 formulaires envoyés, 177 ont pu être analysés. Ils ont été complétés par des parents de garçons, quel que soit le motif de consultation. Les résultats montrent que 41 % d’entre eux accepteraient cette vaccination pour leur fils, et 12 % la refuseraient. Près de la moitié se sont dits indécis.
« Cette enquête a montré un lien significatif entre les parents qui avaient déjà une fille vaccinée contre le HPV et le fait d’accepter cette vaccination pour leur garçon », explique Dr Clémentine Sepchat, l’auteure de ce travail. « Les parents qui avaient protégé leurs enfants contre l’hépatite B ou la méningite C étaient également plus favorables au vaccin anti-HPV. » Pour le Dr Sepchat, il convient cependant de modérer ces résultats : « Notre travail comporte sans doute un biais, sachant que beaucoup de parents interrogés avaient des filles. 46 % d’entre elles étaient vaccinées contre le HPV, alors qu’en France cette couverture vaccinale n’atteint qu’environ 20 %. »
Les médecins interrogés paraissent quant à eux convaincus : 82 % se disent favorables à cette protection chez les garçons.
Effort de pédagogie attendu
Comme le montre ce travail, des efforts de pédagogie sont nécessaires pour que ce vaccin soit vraiment accepté pour les garçons. De manière générale, les personnes interrogées connaissent la protection anti-HPV contre le cancer du col utérin, mais beaucoup ignorent l’implication du virus dans la survenue des cancers ORL, de l’anus, etc.
Enfin, le Pr Anne Bottet, directrice de cette thèse, membre du CNGE, insiste sur l’aspect financier : « Même s’il est en partie remboursé, ce vaccin est actuellement beaucoup trop cher comparé à d’autres pays. Il est important de baisser son prix pour permettre une meilleure promotion en termes de santé publique. »
Le vaccin continue à faire le buzz
> Parmi différentes propositions adressées à Agnès Buzyn issues des États généraux de la prévention des cancers organisés par la Ligue nationale contre le cancer, figure la demande d’une vaccination anti-HPV systématique aux garçons et aux filles, gratuite ou prise en charge à 100 % et proposée dans les collèges. En parallèle, les sénateurs ont adopté, dans le cadre de l’examen du budget de la Sécurité sociale, l’expérimentation de la couverture vaccinale anti-HPV pour les garçons dans deux régions : le Grand-Est et l’Auvergne-Rhônes-Alpes.
> InfoVac a signalé des erreurs de prescription et de délivrance concernant deux vaccins (Gardasil® 4 et 9). Il est rappelé aux médecins d’être attentifs sur cette question, et de bien préciser le vaccin choisi.
> Gérard Bapt, ancien député et cardiologue, premier adjoint à la mairie de Saint-Jean en Haute-Garonne, a écrit fin novembre à différents responsables d’agences sanitaires, dont le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé, au sujet de deux publications alertant sur l’augmentation de l’incidence des cancers invasifs du col utérin au Royaume-Uni, en Suède, etc. La DGS a demandé une « expertise » à l’INCa qui, sollicitée par Le Généraliste, n’a pas souhaité s’exprimer. D’après nos informations, les études sur lesquelles s’appuie l’ex-parlementaire seraient très « contestables », « non reconnues par les autorités de santé concernées ».
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