Une équipe danoise a évalué le risque d’hémorragie interne sous anticoagulants en cas de prise concomitante d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) à visée analgésique. Le risque d’hémorragie intestinale, cérébrale, pulmonaire ou vésicale se révèle multiplié par 2,09 fois. Le risque le plus élevé était associé au naproxène (4,1 fois plus élevé) suivi du diclofénac (3,3) ; le risque le plus faible haut était associé à l’ibuprofène (1,79).
Ces résultats sont publiés dans l’European Heart Journal. « Pour les personnes qui prennent des anticoagulants pour traiter des caillots sanguins, notre étude souligne l'importance d'être prudents lorsque l'on envisage de prendre des AINS pour soulager la douleur ou l'inflammation. Nous recommandons aux patients de consulter leur médecin avant de prendre des AINS en même temps qu'un anticoagulant », déclarant les auteurs. Sachant qu’au Danemark, le diclofénac et le naproxène sont des médicaments délivrés uniquement sur ordonnance et qu’environ 75 % de la consommation d'ibuprofène sont prescrits (plutôt qu'en vente libre), selon les auteurs.
Un risque 3,22 fois plus élevé d’hémorragie cérébrale
Les auteurs ont utilisé les données de 51 794 personnes des registres nationaux danois ayant reçu des anticoagulants après un événement thromboembolique veineux. Le risque d'hémorragie intestinale liée à l'utilisation d'AINS est apparu 2,24 fois plus élevé que sans AINS, celui d'hémorragie cérébrale 3,22 fois plus élevé, et celui d’hémorragie pulmonaire 1,36 fois plus élevé. Enfin, le risque d'anémie par saignement était triplé avec les AINS.
Évaluer le risque hémorragique de chaque patient
Dans un éditorial associé, le Pr Robert Storey de l’Université de Sheffield (Royaume-Uni) déclare : « Tous les anti-coagulants oraux (ACO) actuellement disponibles augmentent le risque de saignement. Dans la prise en charge de la thromboembolie veineuse, une proportion importante de patients se voit recommander un traitement par ACO à long terme, ce qui signifie que le risque cumulé peut être considérable. Il semble évident qu'éviter les AINS en association avec les ACO est la stratégie la plus sûre pour éviter un risque hémorragique excessif. »
Mais qu’en est-il dans les situations où il est difficile de faire sans les AINS : « La prescription d'AINS doit évidemment se faire à la dose la plus faible et pour la durée la plus courte possible, mais le choix de l'agent et de la voie d'administration peut également être important », écrit l’éditorialiste. Et les auteurs de rajouter que pour certains patients « le traitement de la douleur et de l'inflammation peut améliorer leur qualité de vie en dépit d'un risque hémorragique accru ». L’équipe recommande, avant de prescrire un AINS, d’évaluer minutieusement le risque de saignements, d’essayer le paracétamol et la kinésithérapie, puis en cas de nécessité de préférer l’ibuprofène aux autres AINS.
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