Par effets secondaires de la théâtralité moderne, les réseaux sociaux et les pétitions en lignes font trembler les pouvoirs politiques. Le moindre faux pas, scruté, décortiqué, analysé entraîne une fuite en avant, au pas de course, des protagonistes jusqu’à leur chute. Le come-back sera temporaire, mais sous un nouveau nom pour augmenter la confusion, et dans un mois des alternatives non génériques au nouveau Lévothyrox® seront disponibles.
Qu’on m’explique ; quelle différence entre un générique et un non générique face à deux médicaments dont principe actif et dosage sont les mêmes, la seule différence pouvant être les excipients ? Non-générique en droit, mais générique en fait, le prix sera le même - sinon plus élevé - pour justifier qu’il ne s’agit pas de génériques. Et on pense en haut lieu que les patients seront dupes !
Qu’on m’explique ; comment peut-on mettre sur le marché plusieurs nouveaux médicaments – génériques ou non – en un mois (un est ce qui est dit en haut lieu) en respectant les procédures : conception du médicament, essais sur volontaires, demande d’autorisation de mise sur le marché, classification SMR et ASMR et j’en passe, sans compter la construction d’une chaîne complète de fabrication. Face à ce défi, en marche accélérée, il faudra sans doute agir par ordonnance ! La conséquence sera que les patients vont croire qu’en un mois on peut concevoir, tester et fabriquer un nouveau médicament – si on en a la volonté politique – ce qui promet de belles frictions dans l’avenir quand le peuple voudra une nouveauté pour traiter n’importe quoi ! Les politiques vont pouvoir enfin endosser la responsabilité des ruptures de stock…
Qu’on m’explique ; l’ancienne formule va disparaître, vont apparaître 2 ou trois vrais-faux-génériques, avec des excipients obligatoirement différents des ancienne et nouvelle formules du Lévothyrox® sous peine d’escroquerie aggravée en communication… et on ne dira pas d’où vient la poudre active, puisque ce seront des fausses-vraies alternatives non génériques. Pire, on va demander aux milliers d’intolérants au changement de tester sur plusieurs mois chaque nouvelle formule « qui permettra progressivement au patient de pouvoir choisir le médicament qui leur convient le mieux » ! Ubuesque et ultime provocation face à la nature hystériforme du problème. On peut dès à présent affirmer que les responsables vont botter en touche en faisant in extremis appel, en première et seule ligne, au savoir des médecins généralistes… face à la furie anxieuse des patients.
Qu’on m’explique ; un traitement mensuel a un coût moyen de 2 euros par personne traitée. Pour 10 000 personnes concernées, cela fait 20 000 euros par mois, moitié pour pharmaciens, grossistes et transporteurs, soit environ seulement 10 000 euros à se partager par les au moins deux nouveaux heureux fabricants, soit 5 000 euros chacun de recettes, donc bénéfices en peau de chagrin. Qui, dans notre monde industriel actuel, hors contrainte donc avantages cachés, accepterait un tel deal ? Sans compter les pertes à long terme pour le laboratoire Merck qui a agi sur commande des autorités sanitaires.
Jusqu’à présent et à titre prémonitoire, les médecins, pour le moindre faux pas ressenti, étaient victimes de violences physiques ou verbales, voire pouvaient se retrouver facilement devant les tribunaux ; rien n’a été fait pour lutter contre ce fléau moderne qu'est le droit sans responsabilité contre la responsabilité sans droit, dont la conséquence majeure est la désertification croissante. Bienvenue au club, mesdames et messieurs les politiques !
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