La disparition des notices papier dans les boîtes de médicaments continue de susciter des crispations. Dans le cadre de la révision du code européen du médicament – le « paquet pharmaceutique » – des discussions avancées sur la suppression des notices papiers sont en cours à la Commission européenne.
Mais cette évolution vers le 100 % numérique inquiète « une très grande partie de la société civile » – des associations de patients, comme France Assos Santé, jusqu’aux médecins et pharmaciens – , alerte l’UFC-Que Choisir dans une lettre ouverte diffusée lundi. « Nous exprimons notre plus vive inquiétude face à la perspective de suppression à court ou moyen terme des notices papier dans les boîtes de médicaments », lit-on dans le courrier adressé au ministre de la Santé, Yannick Neuder, ainsi qu’à son homologue de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Barrière technologique
L’association de consommateurs, soutenue par deux associations d’usagers, met en garde contre les risques de cette dématérialisation à marche forcée. « Envisager de remplacer totalement la version imprimée des notices par un format exclusivement numérique reviendrait à ignorer la réalité de millions de patients et usagers qui, chaque jour, ont besoin de comprendre leur traitement et les effets indésirables de façon simple et sans barrière technologique », lit-on dans le courrier.
Sans renier les avantages des notices digitales, l’association souligne que le traditionnel dépliant papier représente très souvent l’unique support d’information fiable, en particulier pour les personnes âgées résidant dans des zones mal desservies. « Elle ne nécessite ni connexion, ni appareil, ni compétences numériques spécifiques », rappelle l’UFC-Que Choisir. Aux yeux de l’association, le digital « doit rester un outil additionnel, complémentaire et jamais un substitut imposé » au risque d’aggraver les inégalités d’accès à l’information médicale et de créer une nouvelle fracture technologique.
Dans ce contexte, l’UFC-Que Choisir appelle les pouvoirs publics à défendre le maintien des notices papier dans toutes les boîtes de médicaments « sans exception, ni logique de substitution progressive ». « C’est la seule garantie d’une information de santé vraiment équitable et accessible », insiste l’association de consommateurs.
Les médecins attachés au papier ?
De leur côté, certains médecins semblent également réticents aux notices 100 % numérique. Le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, réaffirme ainsi son attachement à la fameuse notice pharmaceutique, indispensable pour ses patients âgés. « Moi, j’y tiens car même sans troubles cognitifs, mes patients âgés ne vont pas spontanément chercher l’information en ligne. Ce n’est pas intuitif pour eux ! » Et le médecin de famille d’ajouter : « La notice est aussi un point de départ pour le dialogue, ça suscite des questions, les patients m’appellent et c’est très bien comme ça. Je préfère qu’ils s’interrogent plutôt qu’ils ne se posent aucune question. Le patient a le droit d’être informé sur les effets secondaires et les risques liés à son traitement. »
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