Journées parisiennes de pédiatrie

Protection vaccinale, un contrat à durée déterminée

Publié le 13/11/2015
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« Vaccination, quelle durée de protection vaccinale espérer ? » C’est autour de ce thème que s’est tenu le séminaire de vaccinologie organisé lors des dernières Journées parisiennes de pédiatrie (JPP, Paris 7-8 octobre). L’occasion de faire le point sur une question pas si claire que cela.
vaccination

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Crédit photo : Phanie

Schémas de primovaccination affinés, dates de rappel optimisées, stratégies de rattrapage détaillées, etc. La précision « chirurgicale » du calendrier vaccinal actuel témoigne d’une bonne connaissance des durées de protection attendues pour chaque vaccin. L’état des lieux dressé lors des JPP montre cependant que les choses ne sont pas toujours si claires. Soit que l’on manque d’étude ou de recul, soit qu’il n’existe pas de marqueurs (ou corrélats) de protection fiable, soit encore que, pour un même vaccin, la durée de protection varie en fonction de plusieurs paramètres comme l’âge de primovaccination, le type de vaccin utilisé, etc. Avec, à la clé, toute une réflexion sur les pratiques vaccinales optimales. Même si, globalement, les données sérologiques et cliniques disponibles sont plutôt rassurantes.

Diphtérie tétanos et… pénurie

Pour le vaccin diphtérie/tétanos plusieurs études mettent en évidence « une protection extrêmement durable chez l’adulte et les 6-11 ans avec une persistance de taux d’anticorps protecteurs prolongée au-delà de 20 ans », résume le Dr Robert Cohen (Saint-Maur-des-Fossés). Un constat qui vient conforter la récente modification du calendrier vaccinal qui depuis 2013 prône chez l’adulte de moins de 60 ans un rappel DTpolio tous les 20 ans et non plus tous les 10 ans.

Une étude française rassure aussi quand à l’utilisation d’un vaccin à doses réduites d’anatoxines diphtériques (vaccin dTcaP) pour le rappel de 6 ans en remplacement des vaccins quadrivalents pleines doses (DTCaP). Recommandée par le HCSP dans le contexte de pénurie actuelle, cette substitution ne semble pas avoir de conséquences importantes, avec des taux d’Ac similaires après le rappel de 6 ans et à plus long terme. En revanche, même en contexte de pénurie, « pas question de reculer les injections chez les nourrissons car si la dose de rappel n’est pas faite à tant on laisse une partie de la population sans protection, surtout pour la diphtérie » insiste le Dr Cohen.

ROR : les oreillons trublions

Pour la rubéole on observe, « une excellente persistance de l’immunité au long cours » indique le Dr Isabelle Hau (Créteil). Pour la rougeole, les études sérologiques retrouvent aussi « une bonne persistance des Ac malgré un déclin avec le temps et des échecs secondaires documentés chez 5 % des vaccinés ». En revanche, pour les oreillons, « on note un comportement vraiment différent avec un déclin rapide des Ac avec le temps et une faible avidité ». Dans ce contexte, la communauté scientifique s’interroge sur l’intérêt éventuel d’une troisième dose ou de l’utilisation d’une autre souche vaccinale.

Hépatites : l’immunité mémoire prend le relais

Pour l’hépatite B, « la durée de protection conférée par la vaccination est importante puisque l’injection pratiquée dans la petite enfance doit pouvoir protéger au moment de l’exposition au risque soit pendant l’adolescence et chez le jeune adulte », rappelle le Pr Joel Gaudelus (Bondy). Heureusement, les différents travaux menés sur le sujet montrent que si le pourcentage de sujets séroprotégés diminue rapidement après la vaccination, les patients restent protégés à long terme grâce à l’immunité mémoire. « Il n’y a donc pas d’argument pour l’instauration d’un rappel à 15 ans », conclut le Pr Gaudelus. Pour l’hépatite A, la durée de protection a aussi son importance, les formes graves étant observées à l’âge adulte. Les quelques travaux disponibles retrouvent « une protection d’au moins 15 ans (voire de 50 ans) après un schéma en 2 doses ». D’où la question d’une éventuelle modification du schéma vaccinal avec passage à une seule dose, même si pour le moment l’OMS a retoqué l’hypothèse.

Fièvre jaune : une dose unique

Pour la fièvre jaune, en revanche, l’OMS vient de franchir le pas et préconise désormais une dose unique, les études montrant une excellente persistance des Ac et de l’efficacité clinique avec le temps. De même, pour la méningite C, les données récentes confortent les schémas de vaccination simplifiés. Avec, toutefois, « un petit différentiel entre vaccins » estime le Pr Emmanuel Grimprel (Paris), les vaccins conjugués à l’anatoxine tétanique semblant associé à une meilleure persistance des Ac que ceux à la protéine méningococcique.

Coqueluche : les vaccins à germes entiers plus tenaces ?

Pour la coqueluche, la protection sérologique varie entre vaccin à germes entiers et vaccin acellulaire, les études récentes plaidant « pour une protection plus durable avec ceux à germes entiers », résume le Dr Marie-Aliette Dommergues (Le Chesnay) avec, globalement, une réponse sérologique limitée à quelques années mais une « bonne protection clinique pendant l’enfance ».

Source : lequotidiendumedecin.fr