Les covid toes, ces engelures des orteils, des pieds et des doigts signalées en grand nombre ce printemps, sont-ils bien provoqués par le SARS-CoV-2 ? Telle est la question qui a animé une série de communications orales présentées ce jeudi aux Journées dermatologiques de Paris (JDP).
Cette épidémie de lésions cutanées observée parallèlement à la première vague de covid-19 a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois. D’après les orateurs, des dizaines d’études auraient été publiées à ce sujet, dont plusieurs en France. Résultat de ces investigations : il n’existe pour le moment aucune preuve de l'existence d'un lien de causalité direct entre le SARS-CoV-2 et ces lésions acrales.
Très peu de patients positifs au covid-19
Tous les chercheurs présents au congrès s’accordent en effet à dire que la plupart des patients ayant consulté au printemps pour des engelures et ayant bénéficié d’un test de RT-PCR ou sérologique (IgG ou IgM) ont obtenu des résultats négatifs à ces tests. À titre d’exemple, parmi les 121 patients inclus dans l’investigation Covidskin de la Société française de dermatologie présentant des lésions cutanées et ayant réalisé un test de RT-PCR, seuls 7 se sont avérés positifs au coronavirus, rapporte Laurence Le Cleach, dermatologue au CHU Henri Mondor (Créteil). De même, « une sérologie a été réalisée pour 75 patients mais n’a été positive que dans 5 cas », ajoute la dermatologue qui préconise toutefois de ne pas conclure trop vite.
D’après elle, un lien entre SARS-CoV-2 et engelures pourrait exister mais s'avérer difficile à mettre en évidence par exemple du fait d’un très faible portage, d’une réaction immunitaire mineure ou encore d’une réponse humorale de type IgA et non de type IgG ou IgM. Ces investigations suggèrent d'ailleurs qu’une part significative des patients avaient bien présenté, généralement antérieurement à l’apparition des lésions, des signes d’infection. Par exemple, plus de 50 % des 311 patients concernés par des engelures recrutés dans le cadre de l’étude Covid-skin avaient aussi signalé des maux de tête, des myalgies, de la fièvre, une anosmie, etc.
L’hypothèse d’une réaction para-virale
Quoi qu’il en soit, dire qu’il n’existe pas de causalité directe entre SARS-CoV-2 et engelures ne revient pas forcément à dire que le coronavirus n’a rien à voir avec l’apparition de ces lésions. Plusieurs intervenants évoquent en effet une réaction indirecte, immunologique, para-virale : certains chercheurs, en s'intéressant aux marqueurs de la réponse immunitaire, ont observé que de nombreux sujets présentant des engelures souffraient aussi d'anomalies immunologiques. L'un évoque à ce titre une « signature interféron élevée chez 40 % des patients », quand le Dr Le Cleach rapporte la présence « d’anticorps antinucléaires chez 12 patients ».
« En fait, on peut faire le parallèle avec les interféronopathies de type 1 », explique Jean Kanitakis, dermatologue des Hospices civils de Lyon. Ces interféronopathies consistent en des troubles héréditaires de l’immunité innée marqués par un taux d’interféron alpha élevé et une microangiopathie menant à des lésions de type engelure. Chez des personnes génétiquement prédisposées, le SARS-CoV-2, dont on sait qu’il provoque des désordres immuns, pourrait induire une forte sécrétion d’interféron alpha, qui mènerait à des engelures ainsi qu'à une excrétion si intense du virus que celui-ci deviendrait rapidement indétectable, avance le Dr Kanitakis.
Des lésions cutanées habituelles potentiellement liées à l’environnement
Autre hypothèse : la forte hausse des cas d’engelures observée au printemps n’a bel et bien aucun lien – ni direct, ni indirect – avec le SARS-CoV-2.
Tous les orateurs ayant étudié l’histologie de ces lésions soulignent leur ressemblance avec les engelures habituelles. Par ailleurs, les conditions climatiques enregistrées au printemps (marquées par des écarts de températures importants) ainsi que le confinement (période d'inactivité physique au cours de laquelle de nombreux patients auraient exposé sans chaussure leurs pieds à des sols froids) pourraient avoir provoqué de véritables engelures. Autre argument en faveur d’une cause environnementale à ces lésions : « depuis la première vague, aucun cas n’a été relaté, on n’en entend plus du tout parler », remarque Vivien Hebert, dermatologue au CHU de Rouen.
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