Médicaments

Evusheld, efficace en traitement précoce du Covid-19 ?

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Publié le 09/06/2022
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Selon un essai clinique de phase 3 publié dans le Lancet Respiratory Medicine, l’Evusheld, cocktail d’anticorps anti-SARS-CoV-2 actuellement autorisé en prophylaxie pré-exposition du Covid-19, pourrait également s’avérer efficace dans le traitement précoce de la maladie.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Le tixagevimab-cilgavimab (Evusheld), association d’anticorps monoclonaux anti-SARS-CoV-2 d’AstraZeneca, pourrait s’avérer efficace en traitement précoce du Covid-19, pour éviter l’évolution vers une forme grave chez les patients à risque. C’est ce que suggère un essai clinique de phase III dont les résultats ont été publiés le 7 juin dans le Lancet Respiratory Medicine.

Pour rappel, Evusheld est disponible en France depuis fin 2021. Cependant, le médicament – qui se distingue des autres anticorps synthétiques anti-Covid-19 par sa longue durée d’action et son administration par voie IM (et non par perfusion) – n’est pour le moment autorisé qu’en prophylaxie pré-exposition du Covid-19 chez les patients à risque de forme grave insuffisamment répondeurs à la vaccination ou chez qui les vaccins sont contre-indiqués.

Mais le laboratoire a aussi souhaité évaluer les performances de son médicament dans une autre indication : le traitement précoce du Covid-19, qui vise à éviter l’évolution vers une forme sévère chez les sujets à risque d’aggravation.

Efficacité de 50 % environ pour éviter l'aggravation

Pour ce faire, un peu plus de 900 adultes non vaccinés contre le Covid-19 ont été recrutés entre janvier et juillet 2021 pour participer à un essai clinique de phase 3, « randomisé, en double aveugle, contrôlé contre placebo et (multicentrique) ». Ces participants avaient récemment été contaminés par le SARS-CoV-2. Et si tous avaient encore une forme légère ou modérée de Covid-19 (et qu’aucun n’était hospitalisé pour ce motif), 90 % d’entre eux présentaient un risque élevé d’évolution vers une forme grave. Les participants ont été randomisés pour recevoir, dans les sept jours suivant l’apparition des symptômes de Covid-19, soit une dose unique de tixagevimab–cilgavimab de 600 mg (« deux injections intramusculaires consécutives de 3 ml, 300 mg de tixagevimab et 300 mg de cilgavimab », précisent les auteurs de l’essai), soit un placebo.

Résultat : utilisé en traitement précoce du Covid-19 chez des sujets à risque de forme sévère, l’Evusheld pourrait réduire de moitié le risque d’aggravation de la maladie. « Un Covid-19 sévère ou un décès sont survenus chez 18 (4 %) des 407 participants du groupe tixagevimab-cilgavimab contre 37 (9 %) des 415 participants du groupe placebo (réduction du risque relatif de 50,5 %) », rapportent les auteurs de l’étude.

Une efficacité fortement augmentée dans les 3 jours suivant le début des symptômes

Une efficacité plus notable aurait été notée lorsque le médicament était administré plus tôt, soit cinq jours (réduction du risque relatif de forme grave ou de décès de plus de 66 %), voire trois jours (réduction du risque relatif de 88 %) après le début des symptômes. « Le traitement du COVID-19 léger à modéré par tixagevimab-cilgavimab administré plus tôt dans l'évolution de la maladie pourrait conduire à des résultats plus favorables », avancent ainsi les auteurs.

Le tout pour un profil de sécurité rassurant. « L'incidence des événements indésirables était similaire dans les groupes tixagevimab–cilgavimab et placebo, la plupart étant d'intensité légère ou modérée », et le plus fréquent concernant des douleurs au site d’injection, indiquent les auteurs.

Des résultats à vérifier sur les sous-variants d'Omicron

Aussi, l’Evusheld semble à première vue prometteur pour le traitement précoce du Covid-19. D’autant que depuis l’arrivée d’Omicron et de ses sous-lignages, plus aucun anticorps monoclonal anti-SARS-CoV-2 ne peut être utilisé dans cette indication. En effet, même le sotrovimab (Xevudy), qui avait pourtant bien résisté à l’arrivée de BA.1, a vu son efficacité neutralisante se réduire fortement face à BA.2, aujourd’hui dominant. Si bien que la Haute Autorité de santé (HAS) ne recommande plus de recourir à ce médicament en présence de ce sous-variant.

Toutefois, les performances d’Evusheld en traitement précoce du Covid-19 - évaluées bien avant l'apparition d'Omicron - restent sans doute à confirmer face à ce variant. Car bien qu’Evusheld semble avoir conservé une partie de son efficacité contre ce sous-variant, selon le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP), l’activité neutralisante du tixagevimab–cilgavimab serait diminuée d'un « facteur 2,7 » face à BA.2. La durée d’action du médicament pourrait par ailleurs s’avérer plus courte qu’annoncée. Si bien que l’instance avait revu à la hausse les posologies recommandées en prophylaxie pré-exposition. À noter qu’aucune donnée ne semble par ailleurs encore disponible concernant les performances de l’Evusheld sur BA.4 et BA.5, proches de BA.2 et qui gagnent du terrain.


Source : lequotidiendumedecin.fr