Et si les antiagrégants plaquettaires pouvaient remplacer les anticoagulants dans la prévention du risque thromboembolique lié à certaines fractures et à leur traitement ? C’est en tout cas ce que suggère une étude américaine publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM) le 19 janvier. Selon cet essai clinique, l’aspirine ne serait pas moins efficace ni plus dangereuse qu'une héparine de bas poids moléculaire (HBPM) dans la thromboprophylaxie post-fracture.
Comme le rappellent les auteurs de l'étude, « les thromboembolies veineuses constituent une complication mortelle bien connue des traumatismes orthopédiques ». Ainsi, diverses guidelines recommandent de mettre en place une thromboprophylaxie après certaines fractures, via généralement un traitement par HBPM.
Or « les résultats de récents essais cliniques et méta-analyses suggèrent que l’aspirine pourrait être une alternative (…) efficace à l’héparine de bas poids moléculaire (...) avec un profil de sécurité plus favorable », rapportent les chercheurs. Alors que l’aspirine, active par voie orale, apparaît plus facile d’utilisation que l’HBPM, pour un coût moindre, les auteurs se sont demandé si de ces résultats - en fait obervés dans « l'arthroplasie totale d’articulation », pouvaient être transposés au cas des fractures.
Pas plus d'évènements thromboemboliques...
Pour répondre à cette question, ils ont mené un essai clinique multicentrique – baptisé Prevent Clot – visant à « examiner l’efficacité et la sécurité de la thromboprophylaxie par aspirine comparée à l’HBPM chez les patients présentant une fracture » relativement grave. Plus de 12 200 adultes présentant une fracture d’un membre (à l’exception des fractures de la main et de l’avant pied) ayant nécessité un recours à la chirurgie ou une fracture de hanche (de l'acetabulum) ou du pelvis ont été recrutés. Ces patients ont été randomisés pour recevoir soit de l’aspirine, soit de l’énoxaparine.
Résultat : « l’aspirine était non inférieure à l’HBPM », résument les auteurs. De fait, 3 mois après le début du traitement (soit à 90 jours), le taux de mortalité était équivalent dans le bras aspirine (où 47 patients étaient décédés parmi les 6 101 sujets du groupe) et dans le bras énoxaparine (45 morts/6 110 participants). De même, le taux d’incidence des embolies pulmonaires non mortelles était similaire dans les deux bras de l’essai (1,5 %). À noter par contre, une fréquence légèrement plus faible des thromboses veineuses profondes parmi les patients du bras énoxaparine (1,7 %, vs 2,5 % dans le bras aspirine). Une différence toutefois « non significative », plaident les chercheurs.
... ni d'évènements indésirables graves
En termes de sécurité, l’aspirine n’était pas associée à plus d’effets indésirables que l’énoxaparine. En particulier, « l’incidence (…) des complications hémorragiques et autres effets indésirables sérieux était similaire dans les deux groupes », indiquent les auteurs, qui concluent alors à une absence de « signal d’augmentation du risque de sécurité » avec l’aspirine.
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