Une supplémentation en zinc pourrait permettre de réduire légèrement la durée et l’intensité des symptômes des infections respiratoires virales. Telle est la conclusion d’une méta-analyse australienne – la première à ce sujet – publiée le 1er novembre dans le British Medical Journal (BMJ).
Engouement pour le zinc contre le Covid-19
Voilà plusieurs années qu’on sait que le zinc est impliqué dans la modulation de la réponse immunitaire. Outre des propriétés antivirales, « le zinc a un rôle clé dans l'immunité, l'inflammation, l’hémostase, l’activité ACE 2 et dans la réponse des tissus à l’hypoxie », rappellent les auteurs de la présente étude. Si bien qu’une supplémentation a été intégrée ces dernières années, notamment aux États-Unis, à des recommandations de traitement de diverses infections respiratoires telles que le rhume banal.
Ainsi, dès les premières heures de la pandémie de Covid-19, l’oligo-élément a suscité l’intérêt de la communauté scientifique et médicale. D’où la publication de divers protocoles contestés de traitement de l’infection à SARS-CoV-2.
Cependant, les preuves de l’efficacité du zinc contre le Covid-19 et les autres infections respiratoires restent fragiles. En particulier, « les revues systématiques de la littérature concernant le zinc sont limitées par la multiplicité des formulations et des voies d’administration, leur caractère obsolète, [...] leur mauvaise qualité », déplorent les chercheurs.
Passage en revue des études publiées en anglais et en chinois
Dans ce contexte, l'équipe australienne a proposé de réaliser un examen « rapide et systématique » des études cliniques disponibles en anglais et en chinois sur l'efficacité du zinc contre les infections respiratoires virales, dont le Covid-19.
En pratique, les auteurs se sont penchés sur 28 essais cliniques conduits auprès d’un total de 5 446 volontaires. À noter que si ces travaux portent sur des modes d’utilisation très différents du zinc (tantôt sous forme d’acétate de zinc, tantôt sous forme de gluconate de zinc, par voie orale, sublinguale ou en spray nasal, à des posologies plus ou moins importantes, en prévention ou en traitement), « aucun […] ne concerne spécifiquement l’utilisation du zinc pour la prévention ou le traitement du Covid-19 », précise le BMJ dans un communiqué.
Réduction de la durée et de l'intensité des symptômes
Résultat : « L'analyse groupée de ces essais a montré que, par rapport au placebo, le zinc en pastilles ou en spray nasal pouvait prévenir des infections des voies respiratoires chez 5 personnes sur 100 par mois », rapporte le BMJ.
Et chez ceux qui développeraient tout de même un rhume, une grippe, le Covid-19, etc., le zinc permettrait de réduire la durée de la maladie. « En moyenne, les symptômes disparaissaient 2 jours plus tôt avec l'utilisation d'un spray de zinc ou d'une formulation liquide sublinguale », résume le BMJ. Dans le même esprit, les volontaires inclus dans les bras interventionnels des études avaient deux fois plus de chances de guérir dès la première semaine de leur maladie que les participants des groupes placebo.
En outre, des signaux évoquant une efficacité sur la sévérité des symptômes ont été dégagés. En particulier, une supplémentation en zinc pourrait permettre de réduire le risque de développer des troubles tels que de la fièvre ou un syndrome grippal.
Ainsi, le zinc pourrait offrir aux cliniciens « une option de traitement » pour les patients qui les sollicitent pour réduire la durée de leur maladie en demandant souvent une prescription inutile d'antibiotiques, estiment les auteurs.
Des effets indésirables fréquents
Cependant, les auteurs mettent en garde contre tout excès d’enthousiasme. Car certaines de ces conclusions apparaissent peu robustes. Par exemple, l’efficacité potentielle du zinc sur l'intensité des symptômes n’est suggérée que par trois études.
Et même, certains résultats apparaissent contradictoires. Par exemple, après inoculation d’un rhinovirus humain, sous forme sublinguale, le zinc n’a ni réduit le risque de développer des symptômes d’infection, ni raccourci la durée de la maladie.
Au total, les performances des différentes formes galéniques disponibles mériteraient d'être comparées.
Quoi qu'il en soit, ce qui semble certain, c’est que la supplémentation est associée à des effets indésirables certes bénins mais relativement répandus. « Les effets secondaires, y compris les nausées et l'irritation de la bouche/du nez, étaient environ 40 % plus fréquents chez les personnes utilisant du zinc », souligne le BMJ.
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