La pratique de séances de méditation apporte un bénéfice pour la santé mentale des personnes de plus de 65 ans, avec en particulier un impact positif sur les capacités attentionnelles et de régulation émotionnelle. Mais elle est sans effet sur le volume ou le fonctionnement des structures cérébrales impliquées dans la régulation des émotions et de l’attention. C’est un des principaux résultats d'une étude conduite par des chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Caen Normandie, avec d'autres équipes françaises et européennes, et qui vient d'être publiée dans Jama Neurology.
Réguler le stress et l’attention
Dans l'introduction de leur article, les auteurs rappellent que la prévention des démences chez les personnes âgées fait appel à différentes stratégies d’intervention. Elles comprennent, entre autres, la stimulation cognitive, l’activité physique, un régime alimentaire sain et des recommandations cardiovasculaires. Cependant la lutte contre certains facteurs psychoaffectifs comme la dépression, le stress ou l’anxiété ne ferait pas l’objet d’actions préventives dédiées.
Or un entraînement mental ciblant la régulation du stress et de l’attention, comme avec la méditation en pleine conscience, s’est révélé bénéfique pour la gestion des aspects cognitifs et émotionnels propres au vieillissement. Une méta-analyse récente a même rapporté que l’insula et le cortex cingulaire antérieur seraient des régions du cerveau spécifiquement sensibles à la méditation. « Chez les jeunes adultes, la méditation a d’ailleurs montré sa capacité à modifier structurellement (en volume par exemple) et fonctionnellement ces structures », indique le communiqué de l’INSERM. Si des effets importants de la méditation ont pu être mis en évidence chez des sujets jeunes, l'étude publiée Jama Neurology s'est quant à elle intéressée aux séniors.
Entraînement à la méditation durant 18 mois
Dans l'essai clinique « Age Well » venant d'être publié, 136 personnes âgées de plus de 65 ans sans troubles cognitifs ont été randomisées en trois groupes : le premier a suivi un entraînement à la méditation durant 18 mois ; le deuxième dit de « contrôle actif » correspondait à l'apprentissage de l’anglais sur la même période ; et le troisième dit « contrôle passif » ne suivait aucune intervention.
Au final, cette étude montre que la méditation se révèle bénéfique sur la régulation des aspects attentionnels et émotionnels propres au vieillissement. Antoine Lutz, responsable de l’axe Méditation de l’étude, précise : « La pratique de la méditation montre son réel bénéfice sur la santé mentale des personnes âgées, avec une amélioration significative de paramètres propres au bien-être et à l’épanouissement, mais aussi au maintien des capacités attentionnelles et socio-émotionnelles rapportées par les participants ».
Pas de résultat probant sur les structures cérébrales et leur fonctionnement
En revanche, concernant le critère de jugement principal de cette étude, il n'a pas été constaté de bénéfices significatifs de la méditation sur le volume et le fonctionnement (perfusion tissulaire) des structures cérébrales (insula et cortex cingulaire antérieur) analysées par rapport aux groupes contrôles. Cependant « si les résultats de mesure du volume sont strictement négatifs, ceux de la perfusion montrent une tendance en faveur de la méditation qu’il pourrait être intéressant d’explorer sur un temps d’intervention plus long et/ou avec un échantillon de population plus important », précise Gaël Chételat, directrice de recherche à l’Inserm et coordinatrice scientifique du programme Medit-Ageing.
Les chercheurs souhaitent que ces travaux de recherche soient étendus en évaluant l’ensemble du cerveau, sur des temps plus longs et avec davantage de participants. L’équipe de chercheurs précise d’ailleurs avoir mis en place un suivi sur 4 ans des participants à cet essai, pour analyser les effets à plus long terme.
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