Les coureurs et coureuses à pied majeurs souhaitant s’inscrire à des compétitions n’ont désormais plus besoin de présenter un certificat d’absence de contre-indication à la pratique du sport en compétition. À la place, ils devront valider leur « Parcours prévention santé » (PPS), un dispositif mis en place par la Fédération française d’athlétisme (FFA) qui se substitue à l’habituel certificat médical. L’objectif : faciliter l’activité sportive en France, comme le projette la loi du 2 mars 2022 visant à « démocratiser le sport en France ». Cette mesure est également un levier pour libérer du temps médical.
En réalité, la course à pied n’est pas le seul sport concerné par la disparition du certificat médical, pour la délivrance d’une licence ou la participation à une compétition. Depuis l’adoption de cette loi, il n’est plus requis de manière générale pour les mineurs – sauf si les réponses à un questionnaire défini par la fédération plaident en ce sens – et pour les personnes majeures, sauf exceptions. À ce jour, le certificat reste obligatoire pour la pratique des disciplines suivantes : plongée subaquatique, y compris souterraine, utilisation d’armes à feu ou à air comprimé, activités motonautiques, combat pouvant prendre fin par KO en compétition, et conduite de véhicules terrestres à moteur en compétition (sauf karting et modélisme automobile radioguidé).
Prévention et responsabilisation
Pour la FFA, le PPS « va apporter une simplification de taille au processus d’inscription, sans pour autant soustraire les participants à l’impératif de veiller à pratiquer leur sport en pleine santé ». En effet, pour obtenir le PPS, il faudra visionner trois vidéos de moins d’une minute chacune. Côté contenu, sont présentés les risques cardiovasculaires (symptômes à l’effort), les facteurs de risque (pathologies existantes, âge, antécédents) et des consignes de précautions et recommandations avant la course (état de santé actuel, gestes d’urgence). À chaque module, la FFA renvoie vers des sources d’information externes, rappelle de consulter son médecin traitant pour évaluer l’utilité d’examens complémentaires et insiste sur l’importance de réaliser des bilans de prévention. À l’issue du visionnage, une attestation est générée, valable 3 mois, à renouveler pour chaque course en l’absence de licence FFA.
Pour le Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport, « ce dispositif met l’accent sur la prévention et incite les pratiquants à se responsabiliser vis-à-vis de leur santé et de leur pratique sportive, commente-t-il pour le Quotidien. Il est primordial de lutter contre la sédentarité et l’inactivité physique, et de se former à la prévention, car nous faisons face à une fulgurante ascension des maladies chroniques. »
Du certificat au PPS, l’écart n’est pas si grand
Si le PPS peut sembler léger au regard de l’interrogatoire et de l’auscultation auparavant obligatoires pour obtenir le certificat, « il ne le serait pas tant », selon le Pr Carré. Si la Société française de cardiologie recommande la réalisation régulière d’ECG chez les 12-35 ans pour la pratique du sport en compétition (la mention en était obligatoire sur les certificats pour la course à pied), le spécialiste nuance ce qu’il faut en attendre en médecine générale. « Il n’y a que l’ECG de repos qui permette de détecter une maladie cardiovasculaire, mais cet examen ne peut tout voir, c’est environ 80 à 85 % de détection ; l’interrogatoire et l’auscultation ne permettent, eux, de détecter que 15 % des maladies cardiovasculaires. De plus, certains syndromes sont difficiles à repérer et nécessitent parfois une lecture experte. Finalement, les certificats sont délivrés sans pleine certitude, et la littérature nous montre que, tels qu’ils sont aujourd’hui, ils ne nous permettent pas de détecter des conditions qui pourraient être létales durant la course ; sans compter les morts subites de sportifs qui sont pourtant suivis de près », argumente-t-il.
En médecine générale, quand faire un ECG pour le sport ?
Si le patient souhaite faire le point avant la pratique d’un sport, rapporte des symptômes et/ou présente des facteurs de risque, le Pr Carré recommande de prescrire ou de réaliser un ECG. Chez les adolescents et jeunes adultes, le spécialiste préconise de réaliser en dépistage au moins une fois un ECG, de manière générale et sans contexte particulier. Si aujourd’hui la télé-expertise permet d’éviter de rediriger le patient, le Pr Carré parie également que l’IA sera, dans le futur, d’une grande aide pour assister les généralistes dans la lecture et l’interprétation des ECG.
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