Covid-19 : les retards de soins liés à la première vague n’ont pas été comblés

Par
Publié le 12/10/2020
Article réservé aux abonnés
Depuis depuis le début de l’épidémie, l’étude Epi-phare scrute la dispensation de médicaments sur ordonnance dans les pharmacies de ville.

Depuis depuis le début de l’épidémie, l’étude Epi-phare scrute la dispensation de médicaments sur ordonnance dans les pharmacies de ville.
Crédit photo : GARO/PHANIE

Vaccination, examens d’endoscopies, pose de stérilet, etc. Pour de nombreux actes médicaux, le retard pris pendant le confinement « n’a pas fait l’objet d’un rattrapage à ce jour et pourra être difficilement comblé cette année », soulignent l’ANSM et la CNAM à l’occasion de la parution du 4e volet de l’étude Epi-PhareAlors que la reprise de l’épidémie risque une nouvelle fois de conduire à reporter certains soins, les chiffres publiés vendredi montrent que le passif lié à la première vague est loin d’avoir été apuré.

Des retards conséquents en matière de diagnostic

Portant sur la dispensation de médicaments sur ordonnance en pharmacie de ville depuis le début de l’épidémie et jusqu’au 13 septembre, ce travail « confirme une très forte diminution de la délivrance et de l’utilisation de produits qui nécessitent une administration par un professionnel de santé », par rapport à l'année dernière. Sur cette période, l’étude pointe une baisse des ventes de dispositifs intra-utérins avec progestatifs (-14 000), de préparations pour coloscopie (- 250 000), de produits iodés pour scanner (-500 000), ou encore de produits de contraste pour IRM (-280 000). « La chute, non rattrapable, de ces trois derniers actes indispensables pour diagnostiquer certains cancers ou maladies graves en poussée, conduit, pour l’ensemble de la filière de cancérologie et de médecine de spécialité, à des retards conséquents de prise en charge », alertent les auteurs de l’étude.  

La vaccination accuse également un fort déficit six mois après le début du confinement que ce soit pour les vaccins penta/hexavalents pour nourrissons (-40 000 doses), les vaccins anti-HPV (-150 000 doses), le ROR [Rougeole-Oreillons-Rubéole] (-130 000 doses) ou le vaccin antitétanique (-620 000 doses).

Les instaurations de nouveaux traitements ralenties

Autre phénomène jugé « inquiétant » : la diminution de délivrances de médicaments liés au traitement de pathologies lourdes et graves tels la ciclosporine ou l’érythropoïétine (EPO).

Plusieurs classes thérapeutiques usuelles ont aussi subi un effondrement marqué : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (mis au banc au début de l'épidémie) avec -7,2 millions de traitements délivrés, les IPP, souvent associés aux AINS (-2,8 millions), la corticothérapie orale (-3,6 millions), le paracétamol (-1,4 millions), mais aussi certains antibiotiques (-4,1 millions de traitements de la classe ATC J01) « en lien possible avec la diminution de la circulation des virus (hors SARS-CoV-2) et autres agents infectieux consécutive à la fermeture des crèches et écoles, à la distanciation sociale et au port du masque ».

L’instauration de traitements cardiovasculaires et antidiabétiques chez des nouveaux malades a également fortement diminué, par rapport à l’année précédente notamment pour les statines (-10 %), le furosémide (-12 %), les antiagrégants plaquettaires (-14 %), « peut être en lien avec la baisse des infarctus », les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (-15 %) « suspectés au début de favoriser le Covid-19 » et les anticoagulants (-18 %).

En revanche, dans l’ensemble, durant les 6 mois qui ont suivi le début du confinement, « il n’y a pas eu de manque notable de médicaments pour les pathologies chroniques déjà traitées, probablement parce que les patients ont eu le droit d’utiliser des ordonnances caduques et aussi grâce au recours aux téléconsultations ». Le constat vaut notamment pour les antihypertenseurs, les antidiabétiques dont l’insuline et les antiépileptiques. « Rien ne prouve néanmoins que les adaptations thérapeutiques nécessaires aient été réalisées », nuancent les auteurs de l'étude.

Davantage de psychotropes

A contrario, deux types de psychotropes, les anxiolytiques et les hypnotiques, ont vu leur consommation et leur instauration accrues de façon persistante pendant et au décours du confinement. « Cette augmentation reflète probablement l’impact psychologique important de l’épidémie de Covid-19 et de ses conséquences sociales, professionnelles et économiques. » 


Source : lequotidiendumedecin.fr