Et de 4 ! Sans surprise, la commission technique des vaccinations (CTV) de la HAS a entériné vendredi l’utilisation en France du vaccin anti-covid Janssen, 24h seulement après le feu vert de l’EMA.
Vers une utilisation préférentielle dans certaines zones géographiques ?
Globalement, la HAS recommande son usage « chez les personnes de plus de 18 ans, y compris chez celles âgées de plus de 65 ans et/ou ayant des comorbidités ». Cependant, compte tenu de certaines de ses spécificités il pourrait être alloué préférentiellement à certains usages.
Première particularité et non des moindres, par rapport aux trois autres vaccins déjà disponibles en France (Pfizer, Moderna et AstraZeneca), ce vaccin à vecteur viral a été développé selon un schéma en une seule dose. Il ne nécessite donc qu’une seule injection. De plus, il se présente sous forme de flacon multidoses prêt à l’emploi (pas besoin de reconstitution) pouvant être conservé dans un réfrigérateur classique (entre 2 à 8 °C) jusqu’à 3 mois fermé et pendant 6 heures après ouverture.
Grâce à ces atouts, ce vaccin « devrait permettre d’augmenter les capacités journalières de vaccination », estime la HAS. Il pourrait ainsi être utilisé « de manière préférentielle dans les zones géographiques où l’épidémie est spécialement active et où une accélération de la campagne de vaccination est estimée nécessaire ».
Par ailleurs, ces caractéristiques « rendent le vaccin Janssen particulièrement adapté pour les publics les plus éloignés du système de santé, les personnes en situation de précarité économique et sociale, et les personnes en situation de handicap ou éprouvant des difficultés pour se déplacer ».
Une efficacité maintenue pour les variants sud-africains et brésiliens
Enfin, les données disponibles suggérant une efficacité maintenue sur les variants sud-africains et brésiliens, il « pourrait être privilégié dans les zones géographiques où ces souches circulent activement, que ce soit en métropole ou dans les territoires d’Outre mer », indique le Pr Elisabeth Bouvet, présidente de la CTV. Avec à la clé une adaptation de la stratégie vaccinale selon la circulation des variants du SARS-CoV-2 en France qui devrait être détaillée prochainement dans un autre avis de la HAS.
Le vaccin de Janssen a été évalué dans un essai de phase 3 conduit auprès de 43 783 sujets, recrutés en majorité aux États-Unis (47 %), mais aussi en Afrique du Sud (13 %) et en Amérique latine notamment au Brésil (44 %) à un moment où les variants locaux circulaient déjà majoritairement.
Globalement, il présente une efficacité contre les formes symptomatiques de 66 % dès j14, y compris chez les plus de 65 ans (qui représentaient 20 % des patients de l’étude de phase 3) et chez les patients atteints de comorbidités. Une efficacité plus élevée a été observée sur les formes sévères/critiques (76,7 %) et sur les formes ayant nécessité une hospitalisation (93,1 %) à partir de 14 jours. Même si l’on n’a pas beaucoup de recul, « la réponse immunitaire a l’air assez durable et persiste au moins pendant 12 semaines », précise le Pr Bouvet.
Du fait d’un nombre restreint de décès dans les deux groupes, l’efficacité sur la mortalité n’est pas démontrée statistiquement, « mais il n’y a pas de raison qu’elle n’existe pas ».
Des analyses exploratoires (basées sur des données de séroconversion) suggèrent une efficacité sur les infections asymptomatiques et la transmission « mais nous n’en avons pas encore la preuve ».
La HAS souligne aussi « l’absence de données chez les personnes atteintes de maladies graves ou non équilibrées, les femmes enceintes, les personnes de moins de 18 ans, les personnes immunodéprimées et l’absence de données de comparaison directe par rapport aux autres vaccins contre le Covid-19 ».
Les évènements thromboemboliques sous surveillance
En termes de sécurité, le profil de tolérance est « globalement satisfaisant avec le plus souvent des réactions locales au point d’injection, des migraines, des douleurs ou une fatigue ».
Alors que le vaccin AstraZeneca -qui repose sur la même technologie- est dans la tourmente suite à des évènements thromboemboliques graves survenus chez des patients vaccinés, « on a bien sûr regardé cet aspect-là », indique Elisabeth Bouvet. Les données mettent en évidence un nombre d’évènements thromboemboliques légèrement supérieur dans le groupe vaccin (15) par rapport au groupe placebo (10). « Ces effets secondaires font l’objet d’une attention particulière et seront surveillés », rassure le Pr Bouvet.
Reste à savoir quand ces vaccins pourraient être disponibles. Alors que le gouvernement a indiqué avoir commandé près de 30 millions de doses, la ministre déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, a affirmé récemment que de premières doses pourraient être disponibles à partir de fin mars ou début avril.
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