Les douleurs neuropathiques persistantes induites par la chimiothérapie sont fréquentes, touchant environ quatre patients sur dix, selon une méta-analyse des données issues de 28 pays. Les médicaments à base de platines et les taxanes sont associés aux taux les plus élevés de neuropathies, en particulier dans le cancer du poumon.
« Nous pensons que cette affection est causée par des lésions directes des cellules nerveuses périphériques qui perturbent ou reconnectent les voies normales de signalisation nerveuse, ce qui entraîne une douleur persistante », détaillent les auteurs. L’étude est publiée dans Regional Anesthesia & Pain Medicine, une revue du BMJ.
Une prévalence plus élevée en Asie qu’en Europe
Ce travail s’est appuyé sur 77 études publiées entre 2000 et 2024 en se penchant en particulier sur les facteurs sociodémographiques, cliniques et méthodologiques. Parmi les 10 962 patients au total atteints d’une neuropathie périphérique post-chimiothérapie, 41 % avaient une neuropathie douloureuse et persistante au moins 3 mois.
La prévalence était plus élevée avec certains traitements (40,4 % pour les agents à base de platine et 38,3 % pour les taxanes), « sûrement de par leurs mécanismes d’action », mais plus faible avec l'association Folfox (fluorouracile, oxaliplatine et acide folinique) (16,5 %).
Le taux de neuropathie douloureuse et persistante était également le plus important chez les patients atteints d'un cancer du poumon (60,2 %), « peut-être en raison de la complexité du traitement de cette maladie », suggèrent les chercheurs. La prévalence était la plus faible pour les cancers de l'ovaire (31,5 %) et les lymphomes (36 %).
Des agents neuroprotecteurs nécessaires
Après stratification par continent, il est apparu que les patients d'Asie présentaient la prévalence la plus élevée de neuropathie douloureuse persistante (46,5 %) et ceux d'Europe la plus faible (36 %). « Cette variabilité pourrait être attribuée aux prédispositions génétiques, au statut socio-économique, à la qualité de soins, à la disponibilité d’agents de chimiothérapie de faible neurotoxicité et à l’efficacité de la prise en charge des facteurs de risque et de la prévention », suppute l’équipe de recherche. Les taux étaient similaires chez les hommes et les femmes.
Enfin, la prévalence des douleurs neuropathiques persistantes chroniques semble constante sur la période d’étude et, ce, dans tous les pays étudiés, « reflétant potentiellement la stagnation de l’évolution des modalités de traitement » et le besoin « de thérapies innovantes et de stratégies préventives, incluant des agents neuroprotecteurs », met en avant l’étude.
Pour les auteurs, « la grande variabilité des taux de prévalence selon les pays, les continents, les régimes de chimiothérapie et les antécédents de cancer souligne la nécessité d'élaborer des stratégies sur mesure pour traiter cette affection débilitante et de promouvoir un diagnostic précoce ».
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