Face à une épidémie de grippe toujours intense, avec un impact important sur les décès et les hôpitaux, la France a décidé mercredi 22 janvier de prolonger d'un mois, jusqu'à fin février, la possibilité de se faire vacciner. Un peu plus d'une semaine après un appel à « une grande vigilance », à la vaccination et à des gestes barrières renforcés, le ministère de la Santé a franchi un cran supplémentaire.
« La campagne de vaccination conjointe contre la grippe et le Covid-19 est prolongée jusqu’au 28 février 2025 » et « les personnes fragiles sont invitées à se faire vacciner sans attendre », a annoncé la Direction générale de la santé dans un communiqué, devant plusieurs voyants au rouge. Outre les plus vulnérables (65 ans et plus, personnes avec des comorbidités, femmes enceintes, résidents d'établissements médico-sociaux, personnes souffrant d’obésité, etc.), la vaccination est recommandée à leur entourage et aux professionnels de santé et du médico-social.
L'épidémie de grippe hivernale, qui dure habituellement dix à douze semaines, a démarré un peu plus précocement cette saison, avant les fêtes de fin d'année. Mi-janvier, les virus grippaux circulent toujours activement et, dans l'Hexagone, l'épidémie demeure à un niveau d'intensité élevé, dans toutes les classes d'âge.
D'une « sévérité marquée » cette saison 2024-2025, cette épidémie de grippe a un « impact encore important » sur les décès et provoque une activité hospitalière « toujours élevée », selon le bilan de Santé publique France pour la troisième semaine de janvier, également publié ce 22 janvier.
L’activité était néanmoins différente selon les classes d’âge avec des indicateurs, globalement à la hausse chez les moins de 15 ans et en baisse chez les plus de 15 ans. À l'hôpital ou en médecine de ville, c'est chez les moins de 15 ans que les indicateurs ont globalement augmenté la semaine écoulée, à la différence des autres tranches d'âge. Les Français de 65 ans et plus représentent cependant la majorité des hospitalisations après passage aux urgences pour grippe ou syndrome grippal. Cette tranche d’âge totalisait près de la moitié des 697 cas de grippe hospitalisés en réanimation et présentait une comorbidité dans 94 % des cas. Près des trois quarts (71 %) des cas en réanimation n’étaient pas vaccinés.
Co-circulation inhabituelle des trois virus grippaux
Mais cette « activité grippale intense actuelle chez les enfants pourrait entraîner une reprise à la hausse des indicateurs hospitaliers chez les adultes dans les prochaines semaines », a prévenu l'agence sanitaire.
Une centaine d'hôpitaux ont déclenché ces dernières semaines des « plans blancs », dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés.
« Inhabituelle », la co-circulation des trois virus grippaux – deux de type A, A(HN1) et A(H3N2), et un de type B/Victoria – décrits pour avoir un impact différent selon les groupes d’âges, pourrait expliquer cette saison que toutes les classes d’âges soient fortement touchées.
Le HN1 est susceptible de toucher notamment les jeunes adultes, le H3N2 considéré comme sévère chez les personnes âgées et B-Victoria connu pour affecter plutôt les enfants.
Une mortalité à un niveau très élevé
Concernant la mortalité, un peu plus de 7 % des décès certifiés électroniquement étaient liés à la grippe la semaine écoulée. C'est une légère diminution par rapport à la semaine précédente, mais cela reste « un niveau très élevé par rapport aux épidémies précédentes » et un record depuis au moins cinq ans.
D'ores et déjà, on observe « un excès de mortalité toutes causes », surtout chez les plus de 65 ans, « concomitant du niveau d’activité très élevé observé à l’hôpital en lien avec la grippe », selon Santé publique France. La grippe est responsable en moyenne de 9 000 à 10 000 décès chaque saison en France.
Parallèlement, le virus du Covid-19 continue de circuler, certes à des niveaux bas, mais augmentant le risque de co-infections et de formes graves, notamment chez les personnes fragiles.
Les autorités sanitaires ont appelé à la « mobilisation collective pour freiner la transmission des virus respiratoires et limiter les hospitalisations », assurant que « la vaccination et le respect des gestes barrières demeurent pleinement efficaces ». Des vaccins sont disponibles en pharmacies sur l’ensemble du territoire, et des doses complémentaires à disposition des officines ayant exprimé leur besoin d’approvisionnement supplémentaire, a réaffirmé la Direction générale de la santé.
Comme jusqu'alors « les recommandations sont peu suivies et la couverture vaccinale des seniors stagne à un faible niveau », entre autres contre la grippe, l’Académie de médecine a réitéré ce 22 janvier sa préconisation que la vaccination des seniors devienne « un objectif prioritaire de santé publique ».
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