Après le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) vendredi, la Haute autorité de santé (HAS) a, à son tour, donné son feu vert à la vaccination contre le Covid-19 des 5-11 ans. Sans clairement la recommander, l’institution entend « laisser la possibilité aux parents qui le souhaitent de vacciner leur enfant ». Elle propose donc d’ouvrir la vaccination à cette classe d’âge, mais « sans obligation et sans que cela conditionne l’obtention d’un passe sanitaire », a précisé le Dr Lise Alter, directrice de l’évaluation et de l’accès à l’innovation de la HAS, lors d'une conférence de presse.
Un rapport bénéfice-risque favorable
Pour étayer sa décision, la HAS met surtout en avant le bénéfice individuel de la vaccination dans cette tranche d’âge. « Les formes sévères de Covid-19 affectent rarement les enfants, reconnaît le Dr Alter, mais lorsque c’est le cas, près de 80 % sont retrouvées chez des enfants sans comorbidité ». Par ailleurs, « dans un contexte où l’incidence chez les enfants est en très forte croissance (988 cas/100 000 habitants chez les 6-10 ans en semaine 48), avec une possible amplification de ce phénomène avec l’arrivée d’Omicron, on peut s’attendre à une augmentation des cas de formes sévères chez les enfants en bonne santé », alerte-t-elle.
Or, « le vaccin présente une très bonne efficacité contre les variants majoritaires circulant actuellement et sa capacité à prévenir les formes sévères est excellente », estime la HAS. D’après les essais cliniques l’efficacité du vaccin Comirnaty chez les 5-11 ans est de l’ordre de 90 % contre les formes symptomatiques.
Côté sécurité, les données de pharmacovigilance portant sur plus de 10 millions d’enfants vaccinés dans le monde « sont rassurantes », résume Lise Alter. Aux États-Unis, sur plus 7 millions de doses administrées chez des enfants de moins de 12 ans, 3 233 événements indésirables ont été recensés en date du 9 décembre. Si la majorité (97 %) n’était pas grave, deux décès sont survenus chez des enfants ayant de lourds antécédents médicaux et 14 cas de myocardite ont été rapportés dont huit confirmés.
Ainsi, « bien que moins important que chez les adultes, le rapport bénéfices/risques de la vaccination des enfants en bonne santé sur le plan individuel est favorable, en particulier dans le contexte actuel d’augmentation de l’incidence de la maladie en France », considère la HAS.
Au-delà du bénéfice individuel direct, l’institution a également pris en compte le fait que la vaccination pourrait diminuer la circulation du virus dans les écoles et donc les fermetures de classe d’où « un bénéfice individuel indirect » . De plus, « selon les différentes modélisations conduites, même si l’impact de la vaccination des enfants sur la vague actuelle ne serait que très limité, elle pourrait potentiellement réduire l’impact de vagues ultérieures en réduisant la circulation du virus dans la population générale ».
Cette possibilité dépend toutefois du maintien ou non de l’efficacité vaccinale face au variant Omicron. Selon la HAS, des données préliminaires suggèrent qu’en population générale, l’efficacité du vaccin Comirnaty contre les formes symptomatiques pourrait être réduite de moitié. Celle contre les formes sévères pourrait en revanche être conservée à un niveau élevé mais cela doit être confirmé. En outre, l’efficacité vaccinale contre les formes symptomatiques semble être maintenue à un niveau élevé (de l’ordre de 70-75 %) après une dose de rappel.
Dans ce contexte, la HAS considère que la vaccination des enfants pourra débuter « dès la mise à disposition de la formulation pédiatrique du vaccin Comirnaty ». Selon le gouvernement qui prépare le terrain depuis déjà plusieurs semaines, la campagne pédiatrique pourrait être lancée dès cette semaine.
62 % des parents réticents
Reste à savoir si les parents suivront. Selon l’enquête Slavaco réalisée en septembre-octobre 2021, 62 % des parents dont les enfants sont concernés par cette vaccination y seraient défavorables.
Au vu de ce faible niveau d’acceptabilité, la HAS souligne « l’importance de la place des pédiatres et des médecins traitants dans la démarche vaccinale pour ce public particulier » pour que « les informations nécessaires puissent être apportées aux parents et qu’ils aient la possibilité d’obtenir des réponses adaptées à leurs questions ».
En pratique, le schéma vaccinal chez les 5-11 ans comprend deux injections faiblement dosées (10 µg contre 30 µg chez les 12 ans et plus) et espacées de 21 jours, conformément au schéma vaccinal de l’AMM.
En l’absence d’antécédent connu et documenté de Covid-19, la HAS préconise la réalisation préalable d’un TROD sérologique afin de limiter l’administration du vaccin à une seule dose en cas de test positif.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation