Les Français à la traîne sur le sport-santé, 94 % des médecins critiques vis-à-vis du manque d’exercice de leurs patients

Par
Publié le 25/06/2024

Près d'un tiers des Français ne pratiquent que rarement, voire jamais, d'activité sportive. Et 94 % des médecins jugent la pratique sportive de leurs patients insuffisante, révèle le baromètre sport-santé publié par la Mutualité, qui avance des propositions pour inverser la tendance.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Selon un sondage Odoxa réalisé pour la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF), seuls six Français sur 10 font du sport (activité physique soutenue ou modérée type marche rapide) au moins une fois par semaine. Dans le détail, 32 % font du sport plusieurs fois par semaine, et 29 % au moins une fois par semaine. Mais 15 % des Français font du sport moins d'une fois par mois, et 15 % jamais, révèle le sondage, réalisé auprès d'un échantillon représentatif de 3 000 Français.

Le coût de la pratique sportive est un frein majeur pour de nombreux non-pratiquants (31 %), juste derrière le manque de motivation (40 %) et les contraintes familiales, professionnelles ou scolaires (38 %), selon ce baromètre.

Disparité selon l’âge, le milieu social et le lieu de vie

« La pratique sportive est largement corrélée à l'âge (72 % des jeunes font du sport chaque semaine, contre 57 % des plus de 50 ans), ainsi qu'au milieu social (71 % des cadres font du sport chaque semaine contre 57 % des ouvriers) », regrette la FNMF. La différence sociale est également sensible chez les enfants, avec seulement 36 % des enfants d'ouvriers faisant du sport plusieurs fois par semaine, contre 53 % des enfants de cadres. Selon la Mutualité, seul un enfant sur 10 respecte les recommandations de l’OMS de pratiquer plus d’une heure d’activité physique par jour. En France, cette situation est exacerbée chez les ados, plaçant le pays en 119e position sur 146 en termes d’activité physique

La pratique sportive est également variable selon les régions, avec la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) en championne de France (71 % de pratiquants hebdomadaires), et Centre Val de Loire et Hauts-de-France en lanterne rouge (respectivement 54 % et 52 % de pratiquants hebdomadaires), selon le sondage Odoxa. Autre enseignement de cette enquête, les hommes sont légèrement plus sportifs que les femmes, avec 35 % d'entre eux qui font du sport plusieurs fois par semaine, contre 29 % pour les femmes.

Des adultes assis 12 heures par jour…

Faut-il y voir un signe de la gravité de la situation ? Les médecins – qui ont été interrogés par la Mutualité dans un sondage séparé (203 praticiens) – sont 94 % à estimer que la pratique sportive de leurs patients est « insuffisante ». Pourtant, 48 % d’entre eux déclarent qu'ils évoquent systématiquement la question des vertus du sport avec leurs patients. Les praticiens interrogés attribuent cette médiocre situation (exercice insuffisant) à l’utilisation excessive des smartphones (89 %) mais aussi au télétravail (61 %).

Plus grave, « 95 % de la population adulte en France est à risque sanitaire en raison du manque d’activité physique ou d’un temps excessif en position assise », alerte la Mutualité, qui relève que « la tendance s’aggrave ». Ainsi, les adultes passent en moyenne 12 heures par jour assis les jours travaillés, et 9 heures par jour assis les jours non travaillés. Alors qu’en 2008, un adulte ne consacrait que 4 heures et 38 minutes par jour à des activités sédentaires. Or, l’inactivité physique et la sédentarité seraient responsables annuellement du décès de 40 000 à 50 000 personnes. Quant au coût social de l'inactivité physique, il a été estimé à 140 milliards d'euros par an…

Soutenir l’activité physique adaptée et les maisons sport santé

Pour inverser la tendance, la Mutualité formule plusieurs propositions visant à favoriser le sport tout au long de la vie. Elle s’engage à améliorer l'information sur les dispositifs existants tels que l’activité physique adaptée (APA). De fait, moins d’un Français sur deux la connaît et seulement un sur 10 en a reçu une prescription. « La majorité des médecins n’a pas le réflexe de prescrire du sport dans un but thérapeutique », constate aussi la FNMF, qui suggère de développer des outils d’aide à la prescription pour les médecins. Près de la moitié des Français pensent que des aides financières favoriseraient directement le sport-santé.

Convaincue aussi de l’intérêt des Maisons Sport Santé (MSS), très largement méconnues (78 % des Français n’ont pas entendu parler de ces structures) et parfois fragiles sur le plan budgétaire, la Mutualité propose de les « développer et pérenniser leurs financements ». Il conviendrait aussi de renforcer la coordination entre les professionnels, les politiques locales et publiques.

La formation initiale et continue des professionnels de santé doit également être renforcée. La FNMF propose d’intégrer dans les programmes des médecins et des paramédicaux des modules sur les bienfaits de l’activité physique et sportive pour la santé ainsi que de l’évaluation des risques et besoins des patients en vue de la prescription d’APA.

Effet JO ? Pas sûr…

Les Jeux olympiques en France vont-ils doper la pratique sportive dans le pays ? Les Français sont apparemment plus optimistes pour leurs voisins que pour eux-mêmes. Ils sont 41 % à considérer que les JO vont « inciter les gens à faire du sport… mais ils ne sont que 25 % à penser que ce sera le cas pour eux-mêmes » !


Source : lequotidiendumedecin.fr