Médecins spécialistes : en quête d'autonomie, le Dr Patrick Gasser (Les Spé-CSMF) lance un nouveau syndicat « fédérateur »

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Publié le 29/05/2019
Patrick Gasser

Patrick Gasser
Crédit photo : S. Toubon

Le président de la branche spécialiste de la CSMF, le Dr Patrick Gasser, s'apprête à lancer un mouvement syndical, qui a vocation à fédérer l'ensemble des médecins de spécialités au-delà des actuelles structures. Cette idée avait déjà été évoquée lors des États généraux des Spé de la CSMF, en novembre 2018.

« C'est quelque chose qui se construit en parallèle des Spé de la CSMF, il n'y a absolument pas scission. Et nous n'avons pas vocation à être représentatif pour le moment », précise d'emblée au « Quotidien » le Dr Gasser, qui veut « renouveler le syndicalisme médical ».

Baptisé Avenir Spé, il aura les statuts d'un syndicat – pas encore arrêtés – avec un bureau (et donc un président), des adhérents, une cotisation annuelle. Un collège réunira les médecins des syndicats existants et un autre collège les « sympathisants ». La structure vise pour le moment les spécialistes libéraux, mais pourrait ensuite se tourner vers les médecins hospitaliers.

« Il faut une écoute plus importante du terrain, nous porterons un projet politique pour essayer de faire comprendre aux pouvoirs publics que les médecins spécialistes ont leur place dans la prise en charge des patients et l'accès aux soins. Après, à terme, si les syndicats polycatégoriels ne peuvent pas porter nos travaux, il y aura autonomie », explique le gastro-entérologue.

Pas d'écoute, sauf sur les assistants

Parmi les sujets sur lesquels les spécialistes ne se sentent pas entendus : les négociations sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), le développement de la rémunération sur objectifs, dans laquelle peu de spécialistes sont pour le moment inclus, ou encore le peu de revalorisations des actes dans la CCAM technique, qui ne prend pas en compte « le coût de la pratique ».

« Dernier exemple en date, la réunion des ministres de la Santé du G7. Agnès Buzyn et ses homologues se sont entendus pour adopter une résolution sur le concept de soins primaires. Mais la place des spécialistes n'est jamais évoquée, or on ne fait pas de la médecine qu'avec les soins primaires ! », fait valoir le Dr Gasser.

Seule exception : la négociation conventionnelle sur les assistants médicaux, où une place est largement accordée aux médecins de second recours, qui peuvent bénéficier d'un assistant au même titre qu'un généraliste (hormis certaines spécialités techniques, éligibles seulement dans les zones sous-denses).

En plus de ce nouveau syndicat, les Spé de la CSMF portent le projet d'une maison de « l'innovation », qui réunira différents acteurs du monde de la santé (médecins, usagers, ingénieurs, développeurs) pour réfléchir aux innovations technologiques et organisationnelles dans les spécialités. Un premier financeur a accepté de s'engager sur ce projet pour trois ans.

Malaise ?

Contacté par le « Quotidien », le Dr Jean-Paul Ortiz assure soutenir cette initiative. « Les spécialistes sont trop souvent les oubliés des discussions. Un rassemblement de tous les spécialistes est en ce sens nécessaire, et même un regroupement de toutes les représentations », indique le président de la Conf. La maison confédérale ne prendrait donc pas l'eau. Du moins en apparence. De source syndicale, les relations entre les branches spécialiste et généraliste de la CSMF ne sont pas au beau fixe. 

Joint par téléphone, le président des spécialistes de la FMF, le Dr Pierre-Jean Ternamian, est au courant de la création de ce syndicat de spécialistes. « Si les Spé sont mal à l'aise à la CSMF, nous serons ravis de les accueillir à la FMF ! », ironise le radiologue, président de l'URPS Auvergne-Rhône-Alpes. « Celà dit, il est vrai que les spécialistes ont tendance à être la variable d'ajustement, on le voit par exemple avec les radiologues ou le coût de la pratique, qui n'a jamais été réévalué, admet le Dr Ternamian. Donc défendre tous les spécialistes dans un seul mouvement, comme cela se fait dans d'autres pays européens, pourquoi pas. Mais je ne vais pas quitter la FMF pour autant… »


Source : lequotidiendumedecin.fr