Le nombre de cas de légionellose répertoriés en France a atteint un nombre record en 2023, a annoncé ce 29 août Santé publique France (SPF), une tendance à la hausse également rapportée au niveau européen. L'an dernier, 2 201 cas de légionellose ont été notifiés, une hausse de 16 % par rapport à 2022, selon l’agence de santé.
La légionellose, une maladie à déclaration obligatoire, est une infection pulmonaire grave, due à la bactérie Legionella, avec un taux de létalité de 9% (196 décès en 2023). La contamination peut se faire par voie respiratoire par inhalation, via des microgouttelettes en suspension dans l'air. La maladie n'est pas contagieuse de personne à personne.
Le nombre de cas notifiés à Santé publique France en 2023 a atteint un nombre record depuis le début de la surveillance en 1987. Une nette augmentation du nombre de cas de légionellose est observée en France depuis 2017, précise l'agence sanitaire dans son bulletin.
Les régions sont touchées selon un gradient géographique ouest/est, les plus concernées étant le Grand Est, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne-Rhône Alpes. Le sexe ratio homme/femme est de 2,6 (1 579 hommes et 622 femmes). Le taux de notification augmente avec l’âge, le plus élevé se retrouve chez les plus de 80 ans (10,8/100 000 habitants). Sur l’ensemble des cas, seuls 2,5% (56) n’ont pas été hospitalisés. Près des trois quarts (72%, 2 201) présentaient au moins un facteur favorisant : 41 % avaient une pathologie ou un traitement immunodépressif, plus d’un tiers étaient fumeurs (le tabac seul facteur retrouvé chez 28 % des cas).
Facteurs météorologiques
Selon Christine Campèse, épidémiologiste, en charge du dossier à Santé publique France, plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette hausse. Parmi elles, « les facteurs météorologiques qui influencent la survie des légionelles », les bactéries responsables de la maladie, notamment la « combinaison de la hausse de la température, des précipitations et donc de l'humidité », explique-t-elle. Des facteurs exacerbés par le changement climatique. Comme le plus souvent observé, environ 40 % des cas sont survenus entre juillet et septembre.
Une autre hypothèse est « le vieillissement de la population », la maladie affectant plus particulièrement les seniors et les personnes fragiles. L'âge médian des personnes infectées a ainsi augmenté ces dernières années : il est passé de 62 ans en 2010 à 67 en 2023 (70 ans chez les femmes et 65 chez les hommes).
Les méthodes diagnostiques sont également de plus en plus performantes, « ce qui peut aussi contribuer à expliquer la hausse des cas », pointe l’épidémiologiste. La détection des antigènes solubles urinaires était la méthode utilisée principalement en première intention (93 % des cas), et la PCR sur prélèvement respiratoire (test urinaire négatif ou non fait) a permis de poser le diagnostic dans 7 % des cas (147). Quinze cas ont été diagnostiqués par la culture et aucun ne l’a été par la sérologie.
Mieux surveiller les réseaux d’eau
Pour 62 cas, la souche d’origine clinique a pu être comparée aux souches environnementales isolées d’un ou plusieurs lieu(x) fréquenté(s) par le patient ; pour 72 % de ces cas, la source de contamination a pu être précisée (concordance entre la souche clinique et des souches environnementales). « Les réseaux d’eau sanitaire étaient la source la plus probable de contamination dans 6/13 (46 %) établissements de santé, 15/22 (68 %) domiciles, 9/11 (82 %) établissements de tourisme, 3/4 (75 %) établissements de personnes âgées et 12/14 (86 %) autres établissements incluant des installations à risque (piscine, bains à remous, etc.) », peut-on lire dans le bulletin. Par ailleurs, une source commune de contamination n’a pas été retrouvée dans deux cas groupés majeurs (29 et 23 cas).
Depuis le début de la surveillance, l'identification des sources de contamination a permis de mettre en place de nombreuses réglementations afin de limiter le risque lié aux légionelles (réseaux d'eau, systèmes de refroidissement des tours aéroréfrigérantes, brumisateurs…). Les sources de contamination des cas investigués étaient principalement les réseaux d’eau d’établissements recevant du public et les réseaux d’eau du domicile, « qui ne sont pas toujours soumis à une réglementation », est-il souligné.
Fin 2024, sera lancée l’étude exploratoire Legio-dom sur le risque de légionelles « afin de documenter la part des cas pouvant être liée à une contamination à domicile via les réseaux de distribution d’eau ». Les résultats pourraient amener à de nouvelles actions de prévention spécifiques.
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