Y a-t-il selon vous un défaut d’adhésion des médecins à la vaccination comme le suggèrent certaines données présentées lors du congrès.
Pr Serge Gilberg Il me semble, au contraire, que les médecins adhèrent à la vaccination. En revanche, ils témoignent de difficultés ou d’interrogations et, pour des vaccinations particulières, on a le sentiment qu’en l’absence de relais de communication, ils se sentent un peu seuls dès lors qu’il y a une opposition des patients. Ce dont on souffre, c’est donc d’un déficit de communication des pouvoirs publics qui ne renforcent pas le travail des médecins alors que dans le même temps, la perception des maladies graves a diminué en France. C’est un peu l’effet boomerang de la vaccination.
L’arrivée régulière de nouveaux vaccins et la multiplication des vaccinations recommandées n’ont-elles pas contribué à entamer l’adhésion des médecins ?
Pr S.G. Les nouveaux vaccins interrogent toujours la notion de bénéfice/ risque et il faut forcément être un peu pro-vaccin pour se lancer. Par ailleurs, même si ce n’est pas le cas cette année, le calendrier vaccinal change régulièrement avec des recommandations qui évoluent, des âges qui se modifient, des schémas qui bougent, etc., et il peut être difficile pour un médecin de suivre et de s’approprier toutes les modifications. Cela implique pour les généralistes d’intégrer dans leurs logiciels métiers des logiciels d’aide à la décision.
L’actualité récente concernant la vaccination ne risque-t-elle pas de compliquer les choses ?
Pr S.G. Il est sûr que le fait d’avoir des industriels qui ne sont pas au rendez-vous, avec des ruptures de stock pour certains vaccins ou le fait de ne pas disposer de vaccins dont on aurait besoin, comme un vaccin monovalent coqueluche, joue en défaveur de la motivation à la vaccination.
Il est vrai aussi que restent obligatoires des vaccins pour des maladies désormais peu fréquentes comme le
tétanos ou la diphtérie alors que la vaccination n’est que recommandée pour des maladies potentiellement graves et plus fréquentes comme la rougeole ou l’hépatite B. Ce qui peut fausser la perception de la gravité. On est donc un certain nombre à penser qu’il faut lever toutes les obligations.
Enfin, pour le vaccin anti-rotavirus, nous n’étions déjà pas tous très enthousiastes sur le rapport bénéfice/ risque de ce vaccin car il est surtout coût efficace en diminuant les hospitalisations mais moins bénéfique en terme de morbidité. Les données récentes de l’ANSM incitent donc à la prudence dans la mesure où si elles ne montrent pas de signaux de majoration du risque d’IVA (le risque était déjà connu), elles mettent en exergue les retards de prise en charge. Or on n’a absolument pas les moyens de savoir si le problème ne se représentera pas à nouveau.
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