Au forum Biovision à Lyon, des avatars numériques pour aider à mieux comprendre la maladie d’Alzheimer

Publié le 14/04/2017

« Qui veut vivre éternellement ? » C’est par cette étrange question qu’a commencé la conférence intitulée : un avatar d’ordinateur peut-il résoudre le casse-tête qu’est Alzheimer ? L'objectif de cette présentation au forum Biovision de Lyon était de dévoiler l’un des volets des recherches menées au sein du projet pan-européen, baptisé erc = science2 (ERC : conseil européen de la recherche).

« Alzheimer est sous-diagnostiqué. Nous visons à résoudre ce problème par la construction de modèles numériques du cerveau vieillissant. Cela permettra de comprendre les effets de la maladie sur le cerveau », a expliqué Stanley Durrleman, chercheur principal du projet LEASP financé par l’ERCLe projet, qui repose en partie sur des outils mathématiques et statistiques, de la simulation et de la modélisation numériques, a également pour ambition de parvenir à une personnalisation du modèle, donnant ainsi la possibilité de prévoir l’évolution des troubles liés à Alzheimer. Le laboratoire est une collaboration entre l’INRIA, l’Institut national français pour l’informatique et les mathématiques appliquées, et l’Institut du cerveau et de la colonne vertébrale (ICM), au sein de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Le projet LEASP fait également partie du projet The Human Brain.

Vers un diagnostic plus anticipé grâce à l’avatar numérique

Nikos Paragios, professeur de mathématiques appliquées et d’informatique à l’École centrale à Paris, a détaillé le processus : « À partir d’algorithmes qui reposent sur des bases de données, le défi est de pouvoir poser un diagnostic plus tôt, pour proposer au patient un traitement personnalisé. Dans un second temps, nous pourrons avoir recours à l’intelligence artificielle, mais, pour l’instant, cette dernière n’est pas capable de prendre des décisions et de faire des choix. D’où la modélisation que nous opérons, pour être en mesure de construire des modèles de cerveau prédictifs de la maladie d’Alzheimer. » Les algorithmes vont alors apprendre de la manière dont le cerveau change durant le vieillissement et la progression de la maladie.

Le parallèle ici établi est l’apprentissage de la langue par un enfant, possible bien avant que ce dernier ne connaisse la grammaire et la conjugaison. « Certaines personnes pensent que la construction de modèles numériques tels que ceux-ci, ou d’avatars, n’est pas possible, justement parce que notre compréhension du cerveau et des mécanismes de la maladie sont si pauvres (…) ce n’est que lorsque l’enfant maîtrise la langue que l’enfant comprendra sa structure et ses règles », a indiqué Stanley Durrleman. Autre atout non négligeable : cette technique permet d’éviter les expérimentations sur des animaux. Toutefois, en filigrane de ces travaux, une question se fait insistante : comment vivre plus longtemps et en meilleure santé ? Les réponses restent pour l'heure théoriques.

De notre correspondant Guillaume Bouvy

Source : lequotidiendumedecin.fr