Le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) veut accompagner, voire guider, la révolution numérique en santé et juge indispensable de réécrire le code de déontologie. L'institution l'a réaffirmé lors d'un débat organisé le 16 février à Paris, consacré à l'information et à la communication en santé.
« Le testament hippocratique doit être révisé », a affirmé le vice-président de l'Ordre, le Dr Jacques Lucas, estimant nécessaire de cesser d'interdire au « médecin, première source fiable d'information » «
de produire de l'information pertinente au prétexte qu'il ferait de la publicité ». Le délégué général aux systèmes d'information en santé prévient que la révision promet d'être profonde, et qu'« une interprétation intégriste du code irait à l'encontre de la déontologie elle-même ».
Dans son récent rapport sur l'uberisation de la médecine, Jacques Lucas avait déjà jugé indispensable une réécriture de l'article 53 du code, qui stipule notamment que « le simple avis ou conseil dispensé à un patient par téléphone ou par correspondance ne peut donner lieu à aucun honoraire ».
Plus de promesses que de risques
L'Ordre va aujourd'hui plus loin. « Hippocrate avait libéré les malades de la puissance des Dieux, continue Jacques Lucas. Aujourd'hui s'amorce un nouveau bouleversement de l'exercice par le numérique ». Le vice-président estime qu'on ne peut s'opposer aux bouleversements qui s'annoncent, et qu'il vaut mieux les accompagner. « Il y a plus de promesses que de risques », analyse-t-il.
L'Ordre devrait rendre public courant avril un rapport sur le sujet (*). Mais d'ores et déjà, Jacques Lucas assure qu'« il faut intégrer le numérique dans les pratiques, dans les relations interpersonnelles, et même dans l'organisation des soins ». Selon lui, 70 % des 35 000 médecins qui ont répondu à la grande consultation ordinale le demandent aussi.
Ce bouleversement nécessitera bien plus qu'un simple toilettage déontologique et imposera une réflexion de fond. Jacques Lucas va d'ailleurs jusqu'à penser qu'il faudra « trouver un modèle économique pour la e-santé, qui doit être productrice de richesses ». Autant de gros mots il y a encore peu de temps pour de nombreux praticiens.
(*) Information, communication, publicité, réputation numérique, repères déontologiques dans la société de l'information et de la communication.
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