Enjeu financier et de santé publique, l’observance vit sa révolution. Hier réduite à la soumission du patient à la prescription de son médecin, elle est désormais définie comme l’adhésion du malade (souvent chronique) à son traitement.
« L’observance est morte, vive l’adhésion », résumait en juillet dernier le Collectif interassociatif sur la santé (CISS, usagers), qui estime que la meilleure observance est celle qui responsabilise le patient « par l’information et la formation à la décision partagée ».
Plusieurs milliers de morts évitables
La non-observance a un coût colossal, à la fois financier et humain. IMS Health évalue à 9 milliards d’euros par an le potentiel d’économies généré par une observance optimale. Selon le livre blanc (2014) de la Fondation Concorde, un think tank indépendant, elle est la cause de 8 000 décès par an en France et d’un million de journées d’hospitalisation évitables. Un travail du JALMA évalue même à 12 000 le nombre de morts évitables par an...
Mais qu’est-ce qu’un niveau d’observance satisfaisant ? Selon l’Association française pour le développement de l’éducation thérapeutique (AFDET), c’est lorsque la prescription est respectée à au moins 80 %.
Dans les maladies chroniques, ces scores sont très rarement atteints. Ainsi 50 % des diabétiques oublieraient de prendre leur traitement au moins deux fois par semaine. L’observance ne serait que de 60 % pour les traitements anticancéreux oraux. Et selon une enquête de décembre pour le comité français de lutte contre l’hypertension (CFLHTA), 40 % des hypertendus ne sont pas observants. Thomas Borel, directeur scientifique du LEEM, estime de son côté que 30 % à 50 % des patients ayant une maladie chronique « ne sont pas correctement observants ».
Les laboratoires à l’initiative
Des avancées sont intervenues ces dernières années. « Au début, dans le traitement du VIH, les patients prenaient 20 comprimés par jour », se souvient Christian Saout, secrétaire général délégué du CISS. Aujourd’hui, les patients sous trithérapie consomment le plus souvent un ou deux cachets par jour.
Les seniors, souvent polymédiqués, sont l’objet de toutes les intentions. Conscient des enjeux, le laboratoire Teva a mis au point un programme d’aide à leur intention. Baptisé « Marguerite », il énonce 20 recommandations parmil lesquelles une meilleure structuration des ordonnances, en faisant clairement apparaître les changements de posologie ou en mentionnant spécifiquement l’arrêt de tel ou tel médicament. Le programme invite à créer un classeur de liaison entre les patients et les professionnels de santé, ou plus directement à sensibiliser le médecin aux risques de l’inobservance.
En novembre 2015, Sanofi a mis à disposition un site www.antibio-responsable.fr principalement pour accompagner les professionnels et les patients dans le juste usage des antibiotiques (30 à 50 % des prescriptions sont inapropriées) et la bonne observance.
« Je vous ai dit n’importe quoi »
Les associations de patients l’assurent : quand l’enjeu et les risques sont clairement expliqués, l’observance est au rendez-vous (lire aussi page 3). Le CISS milite pour une meilleure prise en compte des enjeux de l’observance dans la formation initiale et continue.
Le Dr Claude Leicher, patron de MG France, pointe du doigt une formation initiale beaucoup trop hospitalo-centrée. Dans les établissements, rappelle-t-il, le patient est sous surveillance, les infirmiers s’assurent de la réalité de la prise. En ville, le patient fait ce qu’il veut. Il cite le cas d’un patient dont les hémoglucotests (autosurveillance) étaient satisfaisants alors que sa mesure d’hémoglobine glyquée ne l’était pas. « Docteur, je vous ai dit n’importe quoi pour ne pas vous inquiéter », avait lâché le patient.
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