Les nombreuses conférences autour de la e-santé n’ont de cesse de rappeler qu’une « révolution numérique est marche ».
Mais ce mouvement inéluctable ne date pas d’hier. « En pratique, cela fait près de 20 ans que j’ai mis les mains pour la première fois dans un télémanipulateur. Cela fait aussi des années que j’échange en téléconsultation avec des maisons de santé, des médecins, des malades qui sont à 300 kilomètres de Paris », a témoigné le Pr Guy Vallancien, chirurgien urologue, lors d’une table ronde organisée à l’Institut Pasteur par GreenFlex, société de conseil en développement durable. « On sait aujourd’hui que la machine fait mieux que la main de l’homme », poursuit l’auteur de l’essai « La médecine sans médecin » (éditions Gallimard). Le chirurgien voit dans le numérique un moyen de « libérer » le praticien. « La médecine n’est pas faite pour agir avec ses mains. C’est fini. La machine le fait et des personnels formés spécifiquement le font. Le médecin va redevenir ce qu’il aurait dû rester : celui qui écoute et qui prend la décision par rapport aux normes qui lui sont édictées », considère Guy Vallancien. Or, estime l’urologue, les freins à la numérisation viennent davantage des professionnels que des patients, souvent contents, lorsqu’ils habitent une zone sous médicalisée d’avoir affaire « à un professeur parisien sans avoir à s’y rendre ».
L’enjeu de l’implication du patient
Le pouvoir social des outils numériques est perçu par les usagers comme un élément clé dans la modernisation de notre système de santé. « Plus il y aura d’échanges entre les professionnels – surtout au moment où les prises en charge sont de plus en plus pluridisciplinaires – plus cela va faciliter les choses et plus l’on augmentera aussi la performance de notre système de soins », pronostique Christian Saout, secrétaire général délégué du Collectif interassociatif sur la santé (CISS). Un autre enjeu majeur du numérique est de contribuer à une meilleure implication du patient dans son parcours de soins. « Obtenir la compréhension par le patient, c’est gagner l’échelon suivant de l’acceptation du suivi thérapeutique et de meilleures perspectives de guérison », souligne Christian Saout.
La percée du numérique dans le monde de la santé doit également s’accompagner d’un impact positif sur le plan économique, insiste Patrick Errard, président du LEEM (Les entreprises du médicament). « Il faut commencer par rationaliser notre système de soins, utiliser le progrès technologique pour faire mieux avec moins, résume le patron des industriels. Si l’on veut faire du conservatisme en préservant un système créé dans l’après-guerre, on continuera à être l’un des derniers pays à faire du neuf avec du vieux. Cela serait une ineptie pour l’économie de la santé qui devrait être la grande bénéficiaire de cette révolution numérique. »
La place de plus en plus importante des nouvelles technologies devrait entraîner une redéfinition du panier de soins remboursables. Il s’agit d’un « défi de société », selon Christian Saout.
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