En France, le décret du 15 octobre 2015 élargissant le don de gamètes aux personnes n’ayant pas encore procréé entrouvre la porte à l’autoconservation ovocytaire, « en vue d’une éventuelle réalisation ultérieure d’une assistance médicale à la procréation ». Le législateur a tenu à souligner la distinction d’avec les indications sociétales : l’autoconservation est circonscrite à des indications médicales, et la priorité reste le don. L’agence de la biomédecine doit proposer d’ici la fin de l’année une règle de répartition des gamètes entre ceux conservés pour le don et pour soi-même.
Le décret semble en phase avec le regard de la société sur ce sujet. Six Français sur dix sont opposés à la légalisation de l’autoconservation ovocytaire pour raisons non médicales, révèle un sondage* réalisé par Odoxa pour Eugin. Si la législation le permettait, 83 % des femmes refuseraient la congélation de leurs ovocytes. Quatre millions (16 %) seraient intéressées.
Les 30-45 ans sont les moins frileux. Environ 49 % des hommes et 45 % des femmes de cette tranche d’âge sont favorables à une légalisation et 60 % disent comprendre le recours à l’étranger.
Pour justifier leurs réticences, les Français avancent la crainte d’une sélection des embryons (évoquée dans 37 % des cas), d’une exploitation commerciale de la détresse des femmes (24 %), ou estiment que c’est une technique « contre-nature ». Par ailleurs, 64 % des Français vilipendent l’initiative d’apple et facebook de financer l’autoconservation ovocytaire à leurs salariées.
À l’inverse, les partisans de la légalisation y voient un progrès de la médecine (dans 30 % des cas), un moyen de renforcer l’égalité entre les hommes et les femmes (27 %) et une façon de prolonger la fertilité de la femme, notamment pour celles qui n’ont pas de partenaire.
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