Le gouvernement espagnol a obtenu ce 12 février le feu vert de la Chambre des députés pour lancer l'examen d'un projet de loi reconnaissant le droit à l'euthanasie sous strictes conditions malgré l'opposition de l'Église catholique et de la droite.
La Chambre des députés a approuvé le lancement du processus législatif par 203 voix (140 contre et 2 abstentions). Sa présidente, Meritxell Batet, a alors annoncé : « Le projet de loi est pris en considération ».
Le texte doit désormais être soumis à débats et votes des députés puis des sénateurs, qui prendront des mois. C'est la troisième fois depuis 2018 que les socialistes présentent cette proposition de loi, les deux précédentes tentatives ayant échoué notamment du fait de la dissolution de la Chambre en vue de nouvelles élections.
« L'Espagne fait un pas décisif en faveur de la reconnaissance du droit à une mort digne », a tweeté le Premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, qui a formé en janvier un nouveau gouvernement de coalition avec la gauche radicale de Podemos.
Les partis de gouvernement, leurs alliés nationalistes indépendantistes et les libéraux de Ciudadanos se sont prononcés en faveur du texte. Les conservateurs du Parti Populaire (PP) et l'extrême droite de Vox le rejettent, considérant que les soins palliatifs suffisent.
Maladie grave, invalidante ou incurable
La proposition de loi ne se contente pas de dépénaliser l'euthanasie. Elle en fait « un nouveau droit individuel ».
Le texte prévoit qu'une personne souffrant d'une maladie grave, invalidante ou incurable puisse être aidée à mourir si elle en a fait la demande, pour éviter une souffrance intolérable.
La demande doit être écrite et répétée quinze jours plus tard. Elle doit être acceptée successivement par deux médecins puis examinée par une commission.
Un droit à l'objection de conscience est prévu pour les professionnels de santé refusant de participer à une euthanasie.
« Nous avons bon espoir que cette fois-ci (...) la loi soit adoptée » et entre en vigueur à la fin de l'année, a déclaré le médecin Fernando Marin de l'association Droit à mourir dignement.
« Provoquer la mort de manière active n'est jamais une bonne solution », a déclaré à l'inverse le secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole, Luis Arguello.
Actuellement, l'aide au suicide et l'euthanasie sont passibles de deux à dix ans de prison, peines pouvant être réduites si la personne souffrait de maladie grave et avait demandé à mourir.
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