Le Dr Jacques Servier, mort mercredi dernier à l’âge de 92 ans, laisse momentanément sans président une entreprise de plus de 20 000 salariés qui a généré en 2013 un chiffre d’affaires de 4,2 milliards d’euros. Jusqu’à la fin, Jacques Servier est resté à la tête de son entreprise.
Depuis quelques années, il était salarié du groupe et plus officiellement propriétaire. Dans les années quatre-vingt, soucieux de préserver l’avenir de son laboratoire fondé en 1954 et d’éviter une OPA pas forcément amicale, le Dr Servier avait pris des mesures. Conseillé par son avocat d’affaires Nicolas Sarkozy et par Raymond Soubie (ancien conseiller social de Sarkozy à l’Élysée), il crée une fondation de droit hollandais à qui il transfère la totalité des actions de son entreprise. En lui remettant la Grand-croix de la légion d’Honneur en 2009, Nicolas Sarkozy fera d’ailleurs allusion aux conseils qu’il lui avait alors prodigués.
« Le rôle de la fondation est de garantir la pérennité du Groupe Servier, son engagement continu et important dans la recherche, ainsi que la politique de non-redistribution de dividendes », indiquait le laboratoire juste après la mort de Jacques Servier. Pierre Fabre, patron des laboratoires du même nom, avait d’ailleurs en son temps créé une fondation similaire.
Par cette disposition, la fondation Servier se retrouve propriétaire de l’entreprise. Son conseil d’administration, dont la liste des membres n’est pas publiée ainsi que le permet le droit néerlandais, aura ainsi les coudées franches pour désigner le successeur de Jacques Servier.
Un favori et un outsider
« Les dispositifs concernant le nouveau comité de direction et son président seront annoncés dans de brefs délais », indiquait le laboratoire juste après la mort de son fondateur. Mais les laboratoires Servier n’ont pas souhaité répondre aux demandes du « Quotidien » sur cette succession, réservant une communication à une date postérieure à l’enterrement de Jacques Servier.
Jusqu’à un passé récent, le successeur le plus probable était Jean-Philippe Seta. Son licenciement soudain en octobre dernier a rebattu les cartes. Entré chez Servier en 1984 comme directeur de recherche clinique en pneumologie, il était devenu numéro deux du groupe en 2003, avec le titre de président opérationnel.
Pour beaucoup d’observateurs, le poste pourrait finalement échoir à Olivier Laureau. Proche de Jacques Servier, l’homme a été directeur financier du groupe, et a été désigné en début d’année coordonnateur du comité de direction par le fondateur lui-même. D’autres avancent cependant le nom du Dr Emmanuel Canet, directeur de la R&D de Servier.
Quel qu’il soit, le successeur du président-fondateur héritera également du dossier « Mediator ». Le procès doit se tenir au premier semestre 2015.
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