LA CONCERTATION sur la refonte du système de sécurité sanitaire du médicament se poursuit après l’affaire Mediator. Six groupes de travail ont été mis en place dans le cadre des Assises du médicament pour faire évoluer l’autorisation de mise sur le marché, renforcer le système de surveillance du médicament, encadrer les prescriptions hors AMM, optimiser la gouvernance, renforcer le contrôle et l’évaluation des dispositifs médicaux et développer l’information sur les produits de santé. Ces six groupes doivent rendre leurs conclusions en juin au ministre de la Santé. « Le Quotidien » s’est procuré la restitution du 4e groupe visant à améliorer l’information sur les produits de santé. Plusieurs pistes sont à l’étude.
• Formation initiale : booster l’esprit critique
Il est suggéré de développer l’esprit critique des étudiants sur le médicament à travers la lecture critique d’articles et en favorisant les retours d’expérience sur des accidents sanitaires. L’enseignement et la prescription en dénomination commune (DC) sont recommandés pour l’ensemble des médicaments. Le groupe de travail suggère de « clarifier et circonscrire la place des laboratoires dans la formation initiale » en interdisant tout financement des industriels à destination des étudiants. Dans un souci de transparence, les enseignants seraient obligés de publier leur déclaration publique d’intérêts.
• Une formation continue plus transparente
Les experts recommandent de mieux déterminer les besoins de formation médicale continue et de rendre obligatoire l’évaluation de la qualité des actions de formation validées. Ils envisagent que les médecins satisfassent tous les dix ans à une épreuve d’évaluation des compétences professionnelles. Un système de « bonus-malus » des honoraires conventionnés pourrait être mis en place selon que le praticien a satisfait ou non à ses obligations. Le groupe de travail souhaite que le financement de la FMC soit solvabilisé et transparent. Il invite à augmenter la cotisation obligatoire payée par les médecins libéraux – actuellement fixée à moins de 50 euros par an – et les budgets des hôpitaux publics pour financer la formation continue. Les laboratoires pourraient continuer à participer au financement de la FMC mais de façon indirecte, en versant une taxe. Les associations de FMC devraient pouvoir rendre publics les modes de financement de leurs actions.
• Une visite médicale encadrée
L’atelier préconise une amélioration de la qualité de la visite médicale en mettant en place un système de surveillance et en fixant aux laboratoires des objectifs qualitatifs sur le bon usage du médicament. La qualité des documents remis lors de la visite médicale devrait être contrôlée et la VM dans les établissements de santé être encadrée. Il est aussi proposé de réduire le nombre de visites médicales par médecin et d’augmenter la taxe sur la promotion des produits de santé.
• Contrôle de la publicité
Les Assises entendent valoriser les revues professionnelles indépendantes des financements de l’industrie et rendre obligatoire la transparence de leur financement. Elles suggèrent d’instaurer un contrôle de la publicité à destination des professionnels de santé et veulent mettre à leur disposition une base de données publique. Les experts souhaitent inciter les médecins à utiliser des logiciels d’aide à la prescription certifiés.
• Éduquer le grand public
Afin d’améliorer la qualité et la transparence de l’information du grand public, plusieurs modifications sont suggérées : la mention sur les boîtes de médicament des risques, du rapport bénéfices-risques ou de l’amélioration du service médical rendu (ASMR). Un logo pourrait être créé pour identifier les médicaments à effets indésirables graves. Afin de faire évoluer la perception des usagers sur l’usage des médicaments, des campagnes de communication pourraient être réalisées sur l’absence de lien entre le nombre de médicaments prescrits et la qualité des soins.
• Une agence de sécurité des patients ?
Pour renforcer le système de pharmacovigilance, une agence de sécurité des patients pourrait être créée qui centraliserait les informations venant du grand public et des professionnels de santé. Un statut de « lanceur d’alerte » est à l’étude pour communiquer auprès des journalistes et des consommateurs. Les experts conseillent d’améliorer la communication en temps de crise en mettant en place un numéro téléphonique gratuit, en s’appuyant sur un site internet et en encadrant la communication du laboratoire à l’origine de la crise.
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