La décision était historique : en suspendant mi-mai sa participation aux travaux du conseil stratégique des industries de santé (CSIS) et au comité stratégique de filière (CSF), le LEEM (Les entreprises du médicament) a marqué son vif mécontentement et rompu (provisoirement) le dialogue avec l’État.
Les industriels, déjà exaspérés par les économies à répétition, ont jugé que le plan Valls (3,5 milliards d’euros d’économies sur le médicament en trois ans) était la goutte d’eau. La colère n’est pas retombée. « Le gouvernement sacrifie un fleuron industriel pour boucler ses fins de mois, grimace un industriel, ce n’est plus tenable ». Certains soulignent que 32 000 emplois sont menacés dans les laboratoires à l’horizon 2020. « On arrive à l’os », ajoute-t-on au LEEM.
Malgré cette crise, les industriels mesurent qu’il leur faut rapidement renouer les fils du dialogue.
« Mais pas à n’importe quel prix », clament-ils, souhaitant « une refondation du dialogue avec les pouvoirs publics ». Un point fait l’unanimité : les laboratoires ne veulent plus discuter uniquement avec le ministère de la Santé. Il réclament un groupe de travail « interministériel » (Santé, Industrie, Recherche, Budget...), qui mettrait en balance les économies, l’emploi, l’attractivité du secteur et le risque de désindustrialisation. Une réunion entre les parties est attendue prochainement. Le LEEM devrait proposer des outils alternatifs de régulation pour limiter les baisses de prix.
Le développement de l’automédication est une piste. « Il y a au moins 300 millions d’euros d’économies annuelles supplémentaires à faire », calcule un industriel. D’autres voies devront être explorées (parcours pharmaceutique, maîtrise médicalisée, lutte contre la iatrogénie médicamenteuse...). Pour obtenir de la visibilité, Patrick Errard, président du LEEM, a déjà suggéré un ONDAM quinquennal pour le médicament.
Contacté par « le Quotidien », le ministère de la Santé n’a pas été en mesure de répondre à ses questions.
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