Le Covid va-t-il impacter la présidentielle ? À l’évidence, oui. Emmanuel Macron l’a parfaitement anticipé, prenant cet été la tête d’une croisade vaccinale qui a pour but bien sûr de répondre aux défis sanitaires du moment, mais dont les mobiles politiques sont non moins apparents, visant à attirer autour de lui la majorité silencieuse face aux populismes de tous poils. Les autres candidats - officiels ou putatifs — ont aussi intégré l’importance de l’enjeu sanitaire dans la bataille qui s’ouvre. La thématique fait recette, qu’il s’agisse de critiquer les lenteurs de réactivité de l’exécutif en début de crise, de vilipender une supposée « dictature sanitaire » ou de tirer les leçons de ce séisme sanitaire pour rapprocher du terrain la gouvernance de la santé. Compte tenu du contexte épidémique, on ne s’étonnera pas de cette « sanitarisation » des esprits. La semaine passée, les 1 769 candidats au concours de l’ENA n’ont-ils pas dû plancher eux aussi sur l’équilibre entre « état de droit et état d’exception » ? Signe qu'à la veille de ce grand rendez-vous démocratique, la pandémie est omniprésente, dans les corps et dans les esprits. On ne devrait plus se plaindre de l’indigence du volet de santé dans cette campagne, si souvent constatée auparavant lors d'élections générales…
Comment dans ces conditions s’étonner d’une candidature de médecin ? Le Pr Philippe Juvin a pourtant surpris son monde en se plaçant mi-juillet en lice pour la primaire des Républicains. Bien connu dans le monde de la santé, l’homme est à la fois un hospitalo-universitaire bien identifié et un politicien madré. Début 2020, c’est lui qui a accueilli les premiers cas de Covid dans ses urgences de l’HEGP. Par la suite, il a fait partie aussi des voix les plus entendues (parfois des plus critiques) parmi les plus blouses blanches, au cours de la crise. À 57 ans, ce n’est plus un novice. N’est-ce pas lui qui a été à deux reprises le « Monsieur santé » du candidat Sarkozy, qui a siégé au Parlement européen une décennie durant et qui en mars 2020 a écrasé tous ses concurrents aux dernières municipales, en se faisant réélire avec 76 % des voix dès le premier tour à La Garenne-Colombes ?
De tous les postulants à l'Elysée, il est pour l’instant le seul à motiver sa candidature par la tempête Covid. Il se présente aussi comme le champion de la débureaucratisation de la santé, de l’accès aux soins et de la régionalisation de la gouvernance sanitaire. Pour l’heure, cela ne fait peut-être pas en soi un programme présidentiel. Encore que, pour gouverner la France, le médecin dit avoir médité les leçons de la crise, critiquant « une parole descendante et arrogante » et insistant sur sa « connaissance intime de l'humain » pour répondre aux attentes de ses concitoyens. Le programme qu'il détaille dans nos colonnes avec priorité aest à même de séduire certains de ses confrères et pourrait tenir lieu de feuille de route pour un futur responsable de l'avenue de Ségur. Même si l'intéressé martèle qu'il vise plus haut qu'un maroquin…
Exergue : Comment s’étonner de la candidature d'un médecin dans le contexte actuel ?
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