La question de l'obligation vaccinale des soignants divise les rangs médicaux.

Cette semaine, plusieurs médecins ont réclamé de mettre en place une obligation de vaccination pour les professionnels de santé, que d'autres praticiens jugent contre-productive, et que le gouvernement a écartée. « On ne peut plus accepter que des personnels refusent la vaccination », a lancé le Pr François Chast mardi sur France Inter. Pour cet ancien chef de la pharmacie de l'hôpital Necker (Paris), la piqûre « fait partie des bonnes pratiques », au même titre que « le port de la charlotte, du masque ou de la blouse pendant les soins ». Sachant que l'injection est potentiellement efficace pour limiter les contaminations, « si cette prévention n'est pas faite, elle devient une faute professionnelle », a-t-il asséné.

Le risque d'infection nosocomiale est de fait significatif : près de 27 000 patients ont attrapé le coronavirus à l'hôpital entre le 1er janvier 2020 et le 14 février 2021, selon Santé publique France, qui recense « 186 décès liés ».

Sur la liste des vaccins obligatoires ?

Dans les EHPAD et les unités de soins de longue durée (USLD), moins de 200 000 professionnels ont ainsi reçu au moins une dose de sérum, soit 42 % des effectifs. « La couverture vaccinale des soignants est totalement insuffisante », a lancé aussi le Pr Gilles Pialoux lundi. Plaidant pour « ouvrir le débat maintenant », le chef du service d'infectiologie de l'hôpital Tenon (Paris) a rappelé que ce ne serait « pas la première vaccination obligatoire » pour les personnels des hôpitaux et des EHPAD, déjà tenus d'être immunisés contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et l'hépatite B. 

Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), juge lui aussi qu'il ne serait « pas anormal d'inscrire le Covid à la liste des vaccins obligatoires » pour les soignants, au moins pendant la durée de l'épidémie. « Je n'y crois absolument pas », rétorque Renaud Péquignot, président de la commission médicale des Hôpitaux de Saint-Maurice (Val-de-Marne). Pour ce gériatre, cela serait « un obstacle de plus » pour recruter et pourrait « faire fuir » des personnels « qu'on n'a aucun moyen de retenir, avec leurs salaires ridicules ».

L'idée de la contrainte ne fait pas non plus recette chez les médecins libéraux. « Je n'aime pas les obligations, mais je constate que les médecins se font plus vacciner que les infirmiers et les aides soignants », a recadré Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, mercredi, en conférence de presse, considérant que la vaccination des soignants « est plutôt de l'ordre de l'éthique et de l'engagement professionnel ».