De loin, on pourrait croire à une simple file d'attente pour refaire sa carte d'identité.
Mais dans ce bâtiment Art Déco de briques rouges, annexe à la mairie du 14e arrondissement de Paris, est installé un centre de dépistage, qui réalise des tests RT-PCR, uniquement sur rendez-vous, pour les personnes munies d'une ordonnance ou des cas contact, orientées par un médecin traitant du territoire. Il existe huit centres similaires dans la capitale.
L'AP pour la logistique, la mairie pour les locaux
Si l'architecture est très inhabituelle pour un centre de prélèvement, son fonctionnement l'est tout autant. Baptisé COVISAN, déployé par l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) en avril dernier pour « casser les chaînes de transmission du virus » (initialement autour d'équipes mobiles chargées de sécuriser le déconfinement et d'empêcher l'apparition de micro-foyers), le projet est rapidement sorti des murs de l'hôpital pour s'ouvrir à la médecine de ville.
Dans le sud parisien, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) des 13, 14 et 15e arrondissement sont parties prenantes, au même titre que l'agence régionale de santé (ARS), la mairie et l'AP-HP. « C'est vraiment une coopération entre tous les acteurs. L'AP-HP nous fournit la partie logistique, la mairie les locaux, les médecins et infirmiers de ville effectuent les vacations, que l'ARS rémunère », résume le Dr Marie-Laure Alby, médecin généraliste, trésorière de la CPTS Paris 14 et membre du comité de pilotage du centre COVISAN.
35 généralistes vacataires
Au sein du centre, le parcours du patient, fléché sur des feuilles A4, se doit d'être le plus fluide possible. Il passe d'abord devant une infirmière qui valide ses informations administratives (nom, prénom, date de naissance, médecin traitant, travail), puis le questionne sur ses symptômes. Le patient symptomatique voit ensuite un médecin, puis repasse par le box « éducation », l'une des spécificités de COVISAN. « Que faites-vous comme travail ? Vous vivez seule ? Vous avez suffisamment de masques chez vous ? », questionne Angelina, l'infirmière chargée d'aiguiller le patient sur l'attitude à adopter, notamment avec ses proches.
Suit la partie la moins agréable : le prélèvement, réalisé par une infirmière et analysé sur la plateforme PCR installée à l'ancien hôpital Broussais. Les résultats seront transmis au médecin traitant par messagerie sécurisée ; et si le patient est positif, le centre s'occupe également de recenser les cas contacts, voire de les avertir lorsque cela est possible. « En cas de clusters et de contacts multiples, on avertit les administrations compétentes, comme la CPAM, car c'est beaucoup plus complexe à gérer », précise le Dr Alby, qui souhaite renforcer le nombre de professionnels de santé sur le dispositif.
150 prélèvements par jour
Le centre fonctionne avec un pool de 35 généralistes et 45 infirmières. Huit infirmières (quatre le matin, quatre l'après-midi) et trois médecins (rémunérés 420 euros par tranche de trois heures) se relaient dans le centre du lundi au samedi de 10 heures à 18 heures, sur des vacations rémunérées par l'ARS, précise le responsable de centre Pierre Quentin.
Ce fonctionnement rodé permet de limiter les temps d'attente et de réaliser 150 prélèvements par jour, avec un rendu en 48 heures, contrairement à certains laboratoires de biologie environnants dépassés par la demande. « Même si j'ai un peu attendu, je trouve ça pratique, témoigne cet habitant du 13e arrondissement. J'avais des symptômes proches du rhume, qui se sont détériorés. Après deux-trois jours, mon médecin m'a dirigé vers COVISAN »
Pour le Dr Marie-Laure Alby, c'est la preuve que les parcours patients peuvent être organisés plus efficacement. « Un système de soins amélioré va sortir de cette crise sanitaire, veut-elle croire. Les CPTS ne sont pas encore bien connues, mais cela nous montre qu'il est capital d'organiser la médecine de ville. »
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