Dîner au restaurant avec une prothèse de hanche posée le matin même, c’est désormais possible.
À l’heure où le gouvernement se fixe comme objectif une opération sur deux en ambulatoire en 2016, le secteur privé, déjà performant en la matière (53,6 % contre 33,5 % à l’hôpital en 2014), s’intéresse de plus en plus à la récupération rapide (ou réhabilitation améliorée) des patients après chirurgie (RRAC ou RRAAC), volontiers présentée comme la chirurgie de demain. Après le précurseur Capio, les deux derniers groupes de cliniques à s’être emparés du sujet sont Vedici et Vivalto, en communiquant ces derniers jours sur la prothèse de hanche et de genou.
Développée au Danemark depuis 15 ans, la RRAC tend à réduire au maximum la durée d’hospitalisation, voire à laisser le patient sortir le jour de son entrée en établissement. Le protocole porte sur l’ensemble du parcours de santé du patient – le chemin clinique –, en amont et en aval de l’opération. La RRAC associe une technique chirurgicale la moins invasive possible, une prise en charge anesthésique spécifique (pour diminuer les effets secondaires), une organisation d’équipe au cordeau, sans oublier une implication très forte du patient (préparation, information détaillée). Un des objectifs est de limiter le risque de complications postopératoires.
À la Clinique générale Annecy (173 lits), propriété de Vivalto Santé, le Dr Thierry de Polignac a déjà opéré cette année 120 patients pour rupture de ligaments croisés antérieurs et posé 30 prothèses de genou et de hanche en protocole RRAAC. « Comme les sages-femmes préparent à l’accouchement, nous préparons longuement et très en amont le patient à l’opération, précise le chirurgien orthopédiste, danois par sa grand-mère. Le patient doit pouvoir marcher quatre heures après l’intervention. Au début, on me prenait pour un fou. Maintenant, la technique s’étend à d’autres chirurgiens de la région, notamment viscéraux. »
Si le Dr de Polignac opère 99 % des ligaments en ambulatoire, seul un patient sur cinq opéré du genou ou de la hanche ressort le jour même de son hospitalisation. Ils sont 50 % à quitter la clinique le lendemain.
Au sein du groupe Vivalto Santé (14 cliniques), une équipe d’orthopédistes de Saint-Grégoire, à côté de Rennes, emprunte déjà le chemin tracé par Annecy.
La mayonnaise prend
Quinze des 35 cliniques du groupe Vedici ont adopté la même démarche. Au Centre clinical de Soyaux (260 lits), près d’Angoulême, les Drs Patrick Lambert et Laurent Launay ont opéré en deux ans 400 genoux et 150 hanches selon le protocole RRAC. Pour le genou et la hanche, la durée moyenne d’hospitalisation est respectivement passée de sept jours à trois voire deux jours. « Nous avons dû changer je ne sais combien de protocoles, mais la mayonnaise a bien pris dans la clinique, assure le Dr Lambert. Les patients sont satisfaits à 98 % ». En revanche, le graal de l’ambulatoire systématique n’est pas à portée de main. « Ce n’est pas notre objectif premier, précise le médecin. Quand bien même on le voudrait, ce serait impossible. La région manque cruellement de médecins libéraux pour assurer le suivi du patient en aval. »
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes