Déserts médicaux, prévention, Grande Sécu, fin de vie : la Mutualité française veut peser dans la présidentielle

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Publié le 13/01/2022
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Crédit photo : S.Toubon

Comme tous les cinq ans, la Mutualité française entend peser dans le débat présidentiel. Ce jeudi, la FNMF a dévoilé sa plateforme de propositions qui comprend six axes au premier rang desquels figure l'accès aux soins. « Le paradoxe est qu'une fois encore les sujets sécuritaires et identitaires sont les thématiques qui dominent la campagne, alors que les principales préoccupations des Français sont l'emploi, le pouvoir d'achat et la santé, a regretté son président, Éric Chenut. Il est dommage aussi que, quand cette dernière est abordée, c'est souvent avec une approche comptable et hospitalo-centrée. »

Le nombre de patients sans médecin traitant continue d'augmenter et les délais de prise en charge pour certains soins se rallongent : une réalité que la Mutualité veut documenter au travers d'une nouvelle rubrique d'appel à témoignages.

Mais, contrairement aux associations de patients, elle repousse l'idée de toucher à la liberté d'installation. Au contraire : elle propose de favoriser l'exercice regroupé et pluriprofessionnel, tout en mettant en garde contre le « corporatisme ». « Encore récemment dans les Ardennes, l'Ordre des médecins a bloqué une réponse du terrain » a dénoncé Éric Chenut, en allusion à une affaire relatée par « Le Quotidien ».

La principale fédération des mutuelles est aussi très largement favorable aux délégations de tâches et aux partages de compétence « comme dans d'autres pays », mais pas n'importe comment. « Ce sont des choses qui ne doivent pas tomber de façon réglementaire, plaide Éric Chenut. Mais c'est bien au travers de l'exercice collectif que les conditions sont réunies » pour favoriser cette approche, estime-t-il.

Juste rémunération 

Dans le détail de ses propositions mises en ligne, la Mutualité estime nécessaire de « promouvoir une juste rémunération des professionnels de santé » en réponse à l'accroissement des dépassements d'honoraires.

Elle ne semble pas non plus arc-boutée sur le tiers payant généralisé puisque sa proposition, sur ce sujet, consiste uniquement à « rendre accessible les services en ligne de tiers payant définis par les organismes complémentaires, afin que tous les professionnels de santé soient outillés de la même façon. »

Autre axe défendu par la Mutualité dans cette campagne : la prévention afin de « lutter contre toutes les inégalités de santé » notamment par le soutien à la parentalité ou encore à la promotion de la prescription d'activité physique. Sur cette thématique, le groupe Vyv (issu de la réunion des mutuelles d'Harmonie, MGEN et Istya) avait d'ailleurs proposé mardi de consacrer 2 % du montant des cotisations individuelles aux actions de prévention, un choix salué par Éric Chenut.

Non à la Grande Sécu

La Mutualité est en revanche très opposée à la « Grande Sécu », alors que le Haut Conseil pour l'avenir de l'Assurance-maladie (Hcaam) devrait adopter demain son rapport, avec une annexe sur le « bouclier sanitaire ». Quel que soit le scénario, il est risqué de « réserver aux complémentaires des soins non récurrents ou qui ne concernent pas l'ensemble de la population (soins dentaires, prothèses auditives, dépassements NDLR), sinon la dépense ne sera plus mutualisée et on aboutira à une médecine à deux vitesses », met en garde Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française, qui défend plutôt un crédit d'impôt pour les patients à qui la complémentaire coûte cher, notamment les retraités et les chômeurs.

Enfin, sur un autre sujet familier des campagnes présidentielles, la fin de vie, Éric Chenut milite pour « la liberté de choix », réclamant à la fois un meilleur accès aux soins palliatifs et l'ouverture d'un débat pour « permettre à ceux qui le veulent d'accéder à une aide active à mourir ».

Tous les candidats totalisant plus de 5 % d'intentions de vote ou ayant un groupe parlementaire seront auditionnés en public le 1er mars tandis que leurs programmes sont décryptés sur le site placedelasante. Ceux de Valérie Pécresse, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon y figurent déjà. Des « fact-checking » qui ne valent ni adoubement, ni critique, assure la Mutualité.


Source : lequotidiendumedecin.fr