L'association d'usagers France Assos Santé met en lumière dans une nouvelle enquête* dévoilée ce lundi 18 novembre les difficultés d'accès aux soins dans l'Hexagone. Premier constat : près des deux tiers des Français (63 %) ont déjà dû renoncer à des soins, dont 45 % pour des raisons financières (impossibilité d’avancer les frais ou reste à charge trop élevé) et 49 % en raison du manque de médecin disponible.
Ces renoncements aux soins touchent davantage les jeunes (74 % des 25-34 ans, notamment pour des délais trop long), les Français les plus modestes (68 % des employés, ouvriers et 72 % des personnes ayant un revenu mensuel net inférieur à 1 500 euros) et les personnes en situation de handicap (77 %). Un quart (24 %) des bénéficiaires de la CMU ou de l’aide à la complémentaire santé (ACS) se sont vus refuser un rendez-vous en raison de leur statut, et 58 % des répondants considèrent que leur reste à charge a augmenté ces dernières années.
Les maisons médicales de garde inconnues d'un Français sur deux
Selon l'enquête, 5 % des personnes interrogées n'ont pas déclaré de médecin traitant à l'assurance-maladie. Pour l'expliquer, 62 % d'entre eux (soit 3 %) avouent n'avoir pas fait la démarche et 32 % (2 % du panel) n'ont pas trouvé de praticien acceptant d'être leur médecin traitant. Dépourvues de médecin de famille, 17 % des personnes interrogées se sont rendues aux urgences. Plus étonnant, un Français sur deux seulement connaît l'existence des maisons médicales de garde.
Autres freins à l'accès aux soins : les délais trop longs pour obtenir un rendez-vous médical spécialistes (3 mois et 2 jours pour un ophtalmologiste, 2 mois et 3 jours pour un dermatologue, 1 mois et 23 jours pour un gynécologue) et les dépassements d'honoraires. Sur les 67 % des Français qui avouent avoir été confrontés « au moins de temps en temps » à des dépassements chez leurs médecins spécialistes, 80 % sont des cadres et 75 % des habitants d'île de France.
Ces renoncements ont un impact sur la santé et la qualité de vie des personnes : angoisse et anxiété pour 43 % des répondants, augmentation des symptômes pour 32 %, hospitalisation pour 7 % et complications médicales nécessitant une prise en charge urgente pour 6 %.
Face à ces constats, France Assos Santé demande au gouvernement d'agir pour développer l’offre de soins de proximité et de premier recours, en généralisant notamment les maisons médicales de garde et en informant au mieux les citoyens sur l’offre de soins existante. L'association des usagers n'écarte pas l'idée d'une régulation à l’installation des médecins « afin de mieux répartir l’offre de soins sur le territoire et encadrer les dépassements d'honoraires ».
* Réalisée par l'institut BVA auprès de 1 002 Français du 5 au 6 novembre 2019
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