Six millions de Français sans médecin traitant, des délais de rendez-vous qui s'allongent, des nourrissons transférés à des centaines de kilomètres de leur famille, des patients décédés à l'hôpital en raison de « reports successifs », etc. : dans une lettre ouverte adressée le 14 novembre à Emmanuel Macron, Élisabeth Borne et François Braun, le collectif « Santé en danger » égrène les symptômes d’un système qui « s’effondre ».
Cette missive a été signée par une vingtaine d’associations, syndicats et collectifs santé – issus de l'hôpital et de la médecine de ville – dont l’intersyndicale Action Praticiens Hôpital (APH), le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi aux autres spécialités (Snphare), Samu Urgences de France (SudF), l’UFML-S ou Jeunes Médecins.
« Déçus et découragés », les professionnels seraient arrivés « au point de rupture », avance le courrier. Ils « souffrent » surtout de ne pouvoir prodiguer les meilleurs soins aux patients, comme en témoignent les récits récents des pédiatres hospitaliers dans leurs services saturés. De leur côté, des médecins libéraux parlent de « déplaquer ou de se déconventionner », tandis que les internes seraient « désespérés ».
« Maltraitance institutionnelle »
La souffrance au travail est « à son paroxysme », alertent encore les signataires qui rappellent que « trois professionnels de la santé se suicident tous les deux jours ». Un constat martelé par APH, dans un autre communiqué ce mercredi. « Notre épuisement professionnel est banalisé » et « notre résilience est simplement morte », explique l'intersyndicale, pour qui les médecins hospitaliers n’acceptent plus d’être les complices de cette « maltraitance institutionnelle organisée ».
Pour stopper l’hémorragie et faire à nouveau « battre le cœur » des soignants, la lettre ouverte invite le gouvernement à prendre en urgence des mesures « fortes et concrètes ». Côté hôpital, les blouses blanches exigent la suppression des primes diverses et variées qui « augmentent les divisions », afin de les intégrer de façon pérenne « dans le salaire de base ». La mise en place de grilles salariales « claires, justes et équitables » doit s'accompagner de revalorisations. Comme le sénateur socialiste Bernard Jomier, les signataires proposent aussi d'instaurer des ratios soignant/soigné à l'hôpital « raisonnables et obligatoires », tout d’abord dans les Ehpad, puis dans les autres services.
« Tarifs adaptés à la profession »
En ville aussi, l’urgence est de revaloriser les consultations « avec des tarifs adaptés à la profession et au temps passé », sur la base minimale de la moyenne européenne, demandent les auteurs. Il est également urgent de réviser et simplifier « drastiquement » les nomenclatures, mais aussi de « supprimer l’absurde “1er acte payé à 100 %, le 2e à 50 % et le 3e gratuit” ». Autres propositions : établir un forfait unique de remboursement des frais kilométriques et supprimer les charges salariales pour favoriser l’embauche d’assistants médicaux et de secrétaires.
Sur un plan plus général, la lettre ouverte souhaite valoriser la pénibilité à sa juste valeur et intégrer la matinée du samedi dans la permanence des soins « pour tous les soignants et praticiens ». Quant aux mesures de coercition, elles doivent être tout simplement « oubliées » pour privilégier des « solutions émanant du terrain ».
La question de la formation n’est pas éludée. Le collectif signataire propose de corriger les « imperfections évidentes » de Parcoursup et de la réforme PASS/L.AS pour accéder aux études de santé. Les signataires préconisent enfin le rétablissent de l’entretien individuel pour l’entrée en institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) et institut de formation d’aides-soignants (Ifas), dans un contexte où de nombreux étudiants abandonnent en cours de cursus.
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