L’Agence régionale de santé (ARS) de Provence-Alpes-Côte d’Azur a présenté les conclusions de Santé Publique France (SPF) sur l’étude Fos-Epséal menée par une équipe franco-américaine (et parue dans le « Journal of Public Health » il y a un an). Les habitants de la zone de Fos-sur-Mer connaissent « un état de santé fragilisé, dans une zone fragilisée par la pollution environnementale », a indiqué la responsable de son département santé environnement, Muriel Andrieu-Semmel, lors d’une conférence de presse mardi, selon l’AFP.
L'étude Fos-Epséal avait conclu que les femmes interrogées dans la zone avaient trois fois plus de cancers que la moyenne nationale, et que 63 % de l'échantillon interrogé déclarait une maladie chronique, contre 36 % en France. Les résultats étant jugés préoccupants, et la méthodologie ayant été remise en cause, l’ARS PACA avait demandé à SPF d’analyser la méthode et les résultats présentés.
Des faiblesses méthodologiques, mais une démarche complémentaire de l’approche traditionnelle
Le rapport d’analyse de SPF avait pour but « l’analyse critique de la méthode et des résultats de l’étude ; l’apport de la dynamique participative proposée par l’étude ».
Les experts réunis par SPF soulignent le « retentissement médiatique, tant au niveau local que national » de la diffusion de cette étude en janvier 2017. Ils rappellent que ce territoire a fait déjà l'objet de nombreuses études - environnementales, en sciences humaines et sociales - sur des thèmes très divers et depuis de nombreuses années.
Mais l'étude Fos-Epséal fonde sa légitimité sur « une insuffisante association des habitants » et une « prise en compte des enjeux locaux » non optimale des précédentes études. Les experts notent que l'équipe américaine à l’origine de l’étude « est connue pour la filiation de ses travaux dans le domaine de la "community-based participatory research for health" et la "community science" ». Ce type d'études est « fondé sur une alliance chercheurs-citoyens et une méthode intégralement participative » et cherche à s’« ancrer localement » avec d’autres acteurs « comme des associations qui n’auraient pas eu voix au chapitre, ou directement des particuliers, qui ne se sentiraient pas correctement représentés par leurs élus ou leurs représentants officiels ».
Le comité estime l’approche participative « intéressante » même s'il constate des « biais de sélection » dans « l’échantillon enquêté, les références retenues et les méthodes d’ajustement utilisées ».
« La démarche d’épidémiologie ancrée localement, fondée sur les perceptions et l’expérience des populations, apparaît complémentaire à l’approche de l’épidémiologie traditionnelle. La coexistence de ces deux approches est utile pour maintenir la crédibilité et optimiser l’efficacité du système français d’alerte en santé environnementale », indique-t-il.
Ressenti des personnes
Quant aux résultats, le comité relève que « malgré ses faiblesses, les données présentées confirment que ce territoire, qui subit notamment une pollution environnementale importante avec un impact sanitaire observé par différentes méthodes, nécessite une grande attention de la part des autorités publiques. »
Il souligne par exemple que « les associations décrites entre pollution perçue et certains symptômes sont valides en ce sens qu’elles témoignent du ressenti des personnes ayant participé à l’étude. Mais l’étude ne permet pas d’apporter la preuve de l’existence d’un excès local de pathologies en lien avec une exposition à un excès de pollution. »
Mi-février, c’était un rapport de l’association de défense et de protection du littoral du golfe de Fos qui dénonçait la présence de dioxines et de PCB dans certains aliments de la région.
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