Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) Frédéric Valletoux devait rencontrer ce jeudi soir le Premier ministre Édouard Philippe à Matignon afin d'aborder la situation financière des hôpitaux publics.
À l'occasion des vœux de la fédération, jeudi matin, Frédéric Valletoux a détaillé les deux « questions de fond » qu'il compte aborder avec le chef du gouvernement : le « besoin d'un plan d'urgence » pour les hôpitaux et la problématique du climat social dans les établissements publics, « qui se tend énormément ».
Le plan d'urgence que réclame l'édile de Fontainebleau (Seine-et-Marne) résulte de « l'équation budgétaire impossible » des hôpitaux sous le coup d'un déficit « historique » d'1,5 milliard d'euros en 2017 – quand on leur réclame dans le même temps 1,6 milliard d'euros d'économies en 2018. « On va dans le mur », s'est désolé Frédéric Valletoux devant la presse.
Calculer les tarifs autrement
Le président de la FHF va donc plaider auprès d'Édouard Philippe la cause des hôpitaux publics. Priorité : « desserrer l'étau financier et sortir de la politique de rabot ».
Alors que la campagne tarifaire pour 2018 se prépare dans les couloirs ministériels, Frédéric Valletoux juge que le mode de calcul actuel, fondé sur une prévision de l'activité hospitalière pour l'année à venir « plutôt que sur la réalité des coûts des soins », n'est pas adapté. C'est ce qui a contribué au triplement du déficit (470 millions en 2016) du secteur en 2017, année de stagnation de l'activité hospitalière.
Deuxième point sur lequel Frédéric Valletoux ne transige pas : la suppression du principe des crédits gelés (le coefficient prudentiel) et le respect de l'enveloppe des dépenses hospitalières dans l'objectif global annuel (ONDAM), validé chaque année par le Parlement. « Les élus votent un montant dont le gouvernement récupère quelques semaines plus tard une partie sous la forme du coefficient prudentiel, qu'il décide de rendre partiellement ou pas du tout aux hôpitaux. Il faut sortir de ce système et respecter la parole parlementaire », assure Frédéric Valletoux.
La demande n'est pas nouvelle mais devient « urgente » à ses yeux. Pour la FHF, le gouvernement doit aussi relancer un plan d'investissement dans les hôpitaux, qui ne consacrent que deux milliards d'euros par an sur ce poste, somme « dramatique » pour Frédéric Valletoux, « alors que le rythme de croisière nécessite quatre milliards d'euros annuels ».
S'attaquer à la permanence des soins en ville
Autre chantier d'importance : la permanence des soins (PDS) en ville. « Le gouvernement doit prendre ce dossier à bras-le-corps et ouvrir des discussions avec les libéraux, insiste Frédéric Valletoux. La fin de la participation obligatoire à la PDS date de 2004 et non du siècle dernier. Cette mesure est aujourd'hui délétère compte tenu de l'accès aux soins dégradé des Français. Je demande qu'elle soit réévaluée. »
Enfin, la FHF va réclamer l'activation d'une mission de simplification des normes à l'hôpital (sur le modèle des travaux lancés la semaine dernière au niveau des collectivités territoriales) et une réflexion sur la gestion statutaire des établissements, que Frédéric Valletoux souhaite plus autonomes « dans le respect du modèle social ».
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