CHAQUE ANNÉE, plus de 2 millions de musulmans participent au pèlerinage à La Mecque en Arabie Saoudite (Hadj). En raison de la forte concentration de personnes, ils sont exposés à un risque accru de méningite, de grippe, de coqueluche, d’hépatite A ou de poliomyélite, maladies à transmission interhumaine. La mise à jour de la vaccination est fortement recommandée avant le voyage. La vaccination antiméningococcique quadrivalente exigée par les autorités saoudiennes doit figurer dans le carnet jaune international de vaccinations.
Le Centre de vaccinations internationales de Strasbourg, qui reçoit chaque année environ 8 000 personnes, a réalisé, après un premier suivi de la couverture vaccinale de cette population spécifique en 2005-2006, une étude prospective auprès de 721 pèlerins âgés de 21 à 85 ans venus au centre entre le 12 septembre et le 31 décembre 2006.
Une comorbidité fréquente.
Les résultats publiés dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (n° 14) montrent des taux de vaccination faibles : seulement 34 % étaient à jour pour la vaccination contre le tétanos, 25 % pour la poliomyélite, 22 % pour la diphtérie et 11 % pour la grippe. S’il n’y a aucune différence significative entre les sexes, la couverture vaccinale DTP diminue avec l’âge. La majorité de ces voyageurs étaient originaires du Maghreb ou de Turquie mais résidaient en France et se rendaient pour la première fois en Arabie Saoudite. Ils constituent une population présentant des facteurs de risque particulier : plutôt âgée (âge moyen 53 ans), avec des comorbidités associées (38 % souffraient d’une ou plusieurs pathologies), hypertension artérielle, diabète, ulcère gastrique.
Les auteurs, Christophe Hommel et coll., s’interrogent. Les taux de vaccination sont similaires à ceux précédemment retrouvées. Or, après le premier suivi, l’information des futurs pèlerins avait été renforcée, sur l’obligation vaccinale du vaccin quadrivalent réalisable uniquement dans les centres de vaccinations internationales. Des courriers et des affiches avaient été diffusés par l’intermédiaire des associations musulmanes des départements de l’Est de la France. « Une information précisant les recommandations officielles nous a alors paru indispensable pour les médecins de la région. Elle a été transmise, à notre demande, par voie électronique par le DDASS. Nous avons eu à déplorer malgré tout des cas de vaccinations par le vaccin méningococcique A + C ou C seul par des médecins généralistes non ou mal informés », soulignent-ils.
Le rôle des médecins traitants.
Cette population n’est probablement que très peu sensibilisée à la prévention par la vaccination, voire pas du tout, « et par conséquent peu demandeuse à ce sujet » ; par ailleurs,elle n’utilise pas Internet pour la recherche d’informations auprès des sites gouvernementaux. « L’information pourrait et devrait être avant tout diffusée par les médecins traitants et par les agences spécialisées qui organisent ces voyages », insistent les auteurs.
S’il est possible que les taux retrouvés soient sous-estimés - les données recueillies sont déclaratives en raison d’une absence fréquente de carnet de santé ou de vaccination et peuvent être biaisées du fait d’une mauvaise maîtrise de la langue française -, des actions semblent néanmoins nécessaires. « Nos campagnes d’information ne semblent pas suffisantes pour informer correctement tant les pèlerins que les médecins. Il serait donc souhaitable que l’information provenant de l’État soit renforcée et relayée par les grandes instances représentant la population musulmane, en particulier les associations musulmanes organisatrices de pèlerinages », concluent-ils.
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