LE PR JOSY REIFFERS a évidement suivi avec attention le premier discours de Marisol Touraine, à l’occasion du salon Hôpital Expo. Le président de la Fédération Unicancer a notamment apprécié l’engagement de la nouvelle ministre de la Santé à défendre les missions du service public hospitalier, un égal accès aux soins sur le territoire et un renforcement des droits des patients. « On ne peut aussi que se féliciter de la volonté de mettre un terme à la politique de convergence tarifaire. Cela est susceptible d’améliorer la situation économique de plus en plus difficile des établissements publics et des établissements privés à but non lucratif comme les nôtres », indique le Pr Reiffers, en insistant sur la nécessité de réformer la T2A pour mieux soutenir le financement de l’innovation en cancérologie. « Nous devons aussi saluer le souhait de la ministre de limiter les dépassements d’honoraires. C’est une condition essentielle pour favoriser un égal accès aux soins sur le territoire pour tous les patients. Je tiens d’ailleurs à préciser que les centres de lutte contre le cancer sont les seuls établissements où les médecins ne font pas de dépassements et où il n’y a pas de reste à charge pour les malades », souligne le Pr Reiffers.
Le président de la fédération Unicancer souhaite maintenant que Marisol Touraine aborde plus directement les mesures concernant la lutte contre le cancer. « Pour nous, la priorité est bien sûr la mise en route d’un troisième plan Cancer. Il est important que, au plus haut niveau de l’État, on continue de soutenir la lutte contre cette maladie, en tant que grande cause de santé publique, avec tout ce que cela implique en termes de financement de la recherche et d’une meilleure organisation des soins », indique le Pr Reiffers, en évoquant les avancées des deux premiers plans Cancer. « Ils ont permis des progrès significatifs dans la prise en charge des patients. Il faut que l’élan engagé soit maintenu », ajoute-t-il.
Les centres de lutte contre le cancer avaient déjà fait passer ce message lors de la campagne pour l’élection présidentielle. « Avec plus de 360 000 nouveaux cas par an, le cancer est devenu la première cause de mortalité en France. On estime qu’un homme sur deux et une femme sur trois développeront cette maladie au cours de leur vie. Cependant, si tous cancers confondus, l’incidence est en croissance, la mortalité diminue pour les deux sexes et, en particulier, chez les hommes. Ce résultat positif est dû en grande partie à une meilleure prévention des risques, à l’augmentation du dépistage précoce, à l’amélioration de l’offre de soins et à une plus grande efficacité des traitements grâce aux progrès de la recherche », indiquait ainsi fin mars la fédération Unicancer en réclamant la mise en œuvre de ce troisième plan cancer.
La fédération avait, à cette occasion, rendu publiques 47 propositions, regroupées autour de cinq grandes thématiques : 1) Une prise en charge de qualité pour tous ; 2) l’innovation thérapeutique et diagnostique au service du patient ; 3) un financement pérenne et performant ; 4) un management optimisé, des ressources humaines pluridisciplinaires et valorisées et 5) une organisation dynamique et efficace.
Les attentes des patients.
La fédération avait aussi souligné la nécessité de répondre aux attentes des patients exprimées dans une consultation participative menée en février dernier par l’observatoire des attentes des patients d’Unicancer auprès de 264 participants (patients et grand public). « Leurs priorités concernent notamment la fluidité du parcours de soins, l’accompagnement du patient tout au long de sa maladie et une meilleure coordination entre l’hôpital et la médecine de ville », soulignait la fédération, en demandant notamment la création de postes de coordinateurs de soins, la généralisation d’organisations permettant le diagnostic rapide et une mise en route sans délais des traitements, le développement de soins de support coordonnés dans tous les établissements autorisés aux traitements du cancer et l’ouverture du système d’information hospitalier à la ville afin de faciliter la communication des dossiers médicaux entre les acteurs prenant en charge le même malade.
Parallèlement, le Pr Reiffers tire un bilan positif de la création en 2011 du groupe Unicancer, qui réunit l’ensemble des centres de lutte contre le cancer et leur fédération. « Nous sommes partis du constat que, dans le cadre de notre politique stratégique, il nous fallait développer la mutualisation dans un certain nombre de domaines : aussi bien pour certaines fonctions pratiques (les achats…) que pour des missions plus complexes comme le développement de la recherche clinique. Pour mettre en œuvre cette mutualisation, nous avions besoin d’un outil juridique adapté. C’est ce qui nous a conduits à créer le groupement de coopération sanitaire (GCS), tout en gardant bien sûr la fédération française des centres de lutte contre le cancer (dite fédération Unicancer), qui est une association de loi 1901 », indique le Pr Reiffers.
Deux structures juridiques.
Juridiquement, il existe donc aujourd’hui deux instances distinctes : la fédération et le GCS. « Sur le plan pratique, nous nous sommes arrangés pour que, au niveau des gouvernances, les choses soient très proches », précise le Pr Reiffers, qui préside les deux structures. « Pour résumer, la fédération est une organisation patronale chargée de représenter les centres de lutte contre le cancer auprès des pouvoirs publics. Le GCS, quant à lui, est là pour faciliter tout type de mutualisation et de coopération entre les centres », ajoute-t-il.
D’après un entretien avec le Pr Josy Reiffers, président de la fédération Unicancer.
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