L'organisation de la permanence des soins en semaine risque-t-elle à moyen terme d'être chamboulée, faute de volontaires ? La question mérite d'être posée. Dans 69 % des territoires de garde déjà, l'arrêt de l’effection se fait à minuit, précisait le dernier rapport ordinal sur la PDS (portant sur 2015).
La tendance au désengagement gagne désormais la plage horaire 20 heures/minuit. Le Languedoc-Roussillon expérimente l'arrêt de cette tranche sur deux secteurs. D'autres territoires – en Charente-Maritime, dans le Lot-et-Garonne, en Côte-d’Or, dans le Finistère, en Eure-et-Loir et en Saône-et-Loire – se posent la même question.
La Basse-Normandie fait figure de pionnière. Dans cette région, la PDS s'est totalement arrêtée en semaine depuis trois ans, avec l'assentiment de l'ARS et du SAMU-Centre 15. « Il n'y avait quasiment plus d'actes », témoigne le Dr Antoine Leveneur, président de l'URPS. En échange, les libéraux se sont engagés à être irréprochables sur la régulation. La Haute-Normandie suit l'exemple. Dans l'Eure, le secteur de Verneuil-sur-Avre cessera toute PDS en semaine dès juillet. Le président de l'URPS s'attend « à ce que ça s'étende à terme à tout le département », ce qui pourrait relancer le nombre d'installations libérales, notamment en zone rurale.
La base n'est pas prête à tout
Autre exemple : l'Association des médecins effecteurs de permanence des soins (AMEPS) de Charente a fait part il y a 10 jours de sa volonté d'arrêter la garde entre 20 heures et minuit en semaine. Les praticiens, de moins en moins nombreux et plus âgés, se fatiguent à la tâche dans un département où à peine trois actes en moyenne sont réalisés chaque soir. Président de l'AMEPS, le Dr Alain Thiburce et son bureau ont rendez-vous aujourd’hui même avec l'ARS et le SAMU Centre 15 pour évoquer ce problème.
La seule alternative jugée « acceptable » serait un maintien de la PDS jusqu'à 21 heures. « Mais tout dépend des conditions, prévient le Dr Alain Thiburce, la base n'est pas prête à tout accepter ». Dès que l'AMEPS a annoncé l'arrêt de la garde en soirée, les réquisitions ont commencé à pleuvoir.
Remise à plat
« Vouloir régler le problème à coup de réquisitions, c'est l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire », regrette le Dr Luc Duquesnel. Pour le patron de l'UNOF, la PDS entre 20 heures et minuit est soutenable si elle répond à plusieurs critères : « des gardes peu fréquentes, bien rémunérées, avec une régulation très efficace ».
À l'Ordre national, on a conscience de ce mouvement de retrait. Le Dr Jean-Michel Béral, en charge de la PDS, confie que « lorsque des phénomènes locaux de désengagement se propagent à l'échelle départementale, il y a un risque de voir ces situations se multiplier ». Dans le Pas-de-Calais par exemple, les effecteurs ont demandé à rencontrer l'Ordre.
Jean-Michel Béral reconnaît qu'« une remise à plat de la PDS sera nécessaire pour la rendre attractive ». Des solutions existent comme l'expérimentation menée en Pays de la Loire où l'ARS a instauré une enveloppe globale de financement de la PDS ambulatoire incluant forfaits d’astreinte et actes. Résultat : 10 % le nombre de volontaires supplémentaires.
La PDS « à la carte » fait aussi ses preuves : à la Réunion, des cabinets privés n'ouvrant qu'aux heures de PDS ont pignon sur rue. Ailleurs, ce sont les très grands secteurs de garde couverts par des effecteurs mobiles qui ont permis aux libéraux de se réinvestir. Jean-Michel Béral souligne que la meilleure motivation reste financière, « soit par une meilleure attractivité du forfait d'astreinte, soit par l'instauration d'un revenu minimum ».
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes